L’œuvre de Georges Duby appartient à un moment très précis de l’évolution des études historiques en France, marqué par l’effort de toute une génération d’historiens pour définir les voies par lesquelles les représentations mentales seraient incorporées comme des vrais objets de l’histoire. En nous efforçant de le situer au sein d’un paysage historiographique plus vaste, notre objectif est de montrer que Georges Duby a construit, pendant un quart de siècle, un projet d’histoire sociale qui, centré sur la dialectique entre le matériel et le mental, a fini par s’afficher comme un modèle pour (et comme un plaidoyer en faveur de) l’exploration historienne des réalités immatérielles. Notre analyse est centrée sur le livre Les Trois Ordres ou l’Imaginaire du Féodalisme, qui nous paraît être le couronnement de ce programme d’histoire sociale dont les premières pierres ont été posées, vingt cinq ans plus tôt, à l’occasion de sa thèse sur la société mâconnaise des XIe et XIIe siècles. Nous avons attiré l’attention sur la manière dont, portant sur un objet alors très en vogue au sein des études médiévales (la représentation sociale des « trois ordres »), cet ouvrage a offert à Georges Duby l’occasion de revenir sur plus de vingt ans de controverses entre l’histoire et les sciences voisines, sur les débats autour du pouvoir contraignant des systèmes de représentation et sur l’image que les médiévistes de sa génération avaient héritée de ce qu’aurait été la société que l’on a convenu d’appeler « féodale ». Nous avons montré, enfin, comment ce projet d’une histoire sociale ancrée sur l’étude de l’articulation entre le matériel et le mental a été conçu par Duby comme une manière de réaffirmer plus vigoureusement le rôle central de l’histoire au sein des sciences de l’homme. / The work of Georges Duby belongs to a specific moment of the evolution of the historical studies in France, distinguished by the effort of a whole historian’s generation to define the paths by which the mental representations would be incorporated as true objects of history. Attempting to incorporate it in the scope of a wider historiographical picture, our purpose is to show that Georges Duby raised, during a quarter of century, a project of social history centered in the dialectics between the material and the mental. We argue that this project finally acted as a model (and as a defense plea of) of the historical exploitation of the immaterial realities. Our analyses is focused on the book Les Trois Ordres ou l’Imaginaire du Féodalisme, that we consider the accomplishment of this social history program whose foundations were set in his thesis on society in the Mâconnais in the 11thand 12th centuries, twenty years early. Dedicated to the social model of the three orders, a subject much in vogue at that time, Les Trois Ordres gives to Georges Duby the opportunity to review more than twenty years of dispute concerning the relationship between history and social sciences. He also could revise the debates concerning the constraining power of mental representations and, furthermore, call into question the image his own generation have inherited of the society that we call “feudal”. We will finally show how Duby’s social history, focused on the links between material infrastructure and mental images, intended to reaffirm the central role of history among social sciences.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017EHES0063 |
Date | 21 June 2017 |
Creators | Brandi, Felipe |
Contributors | Paris, EHESS, Hartog, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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