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Les nourritures politiques de Jean-Jacques Rousseau : cuisine, goût et appétit / Jean-Jacques Rousseau and the politics of food : cuisine, taste and appetite

Au vu de l’histoire de la philosophie et du traitement marginal que celle-ci n’a cessé de réserver tant au sens du goût qu’à la cuisine, Rousseau occupe une place à part et novatrice : tout en condamnant l’hybris de la cuisine et les vanités de la grande table, il considère que le goût, source de volupté, constitue un objet digne d’être pris en compte tant par l’éducation qu’au plan politique. Outre que se nourrir, au-delà des simples besoins vitaux, constitue un moteur des échanges et un facteur potentiel d’inégalités et d’injustices, c’est aussi un moyen, en préservant un lien étroit avec l’amour de soi, de juguler les faux désirs et l’amour-propre.Toutefois, l’Émile amorce un tournant décisif : Rousseau intronise la notion d’appétit, qui prime alors sur le goût, et s’impose aux dépens de la sensibilité aux saveurs et à la cuisine. A défaut d’instinct et face à la prolifération de besoins secondaires, l’appétit est cet instrument – à la fois pédagogique et politique – utile à reconditionner la faim et ainsi à récréer, par le travail, la mesure nécessaire pour se nourrir et jouir légitimement. En même temps que Rousseau abolit l’idée d’une configuration naturelle des besoins et des désirs dès lors qu’il appartient à l’homme de les composer en fonction des circonstances, il achoppe sur le dessein politique du pacte social, lequel exige des citoyens, et non plus des hommes, de renoncer au jeu des préférences et certainement aux dispositions subjectivantes de l’appétit. / Given the history of philosophy and the marginal treatment that has traditionally been reserved for both the sense of taste and cooking, Rousseau’s position is separate and innovative: while criticising the hubris of cuisine and the vanity of the “grande table”, he considered that taste, a source of sensual pleasure, constitutes an object that merits attention on both an educational and political level. In addition to mere food, and going beyond basic needs, it constitutes a means for exchange and is a otential factor for inequality and injustice, it is also a way of curbing one’s false desires and self-esteem, through its close connection to self-love. Nevertheless, Emile marks a turning point: Rousseau inaugurates the notion of an appetite that takes precedence over taste and takes over to the detriment of flavour and cooking. In the absence of instinct and faced with the proliferation of secondary needs, the appetite is an educational and political instrument, used to recondition hunger and thus recreate, through work, the measure necessary to feed oneself and enjoy it legitimately.While Rousseau was abolishing the idea of a natural configuration of needs and desires when it is man’s responsibility to compose them according to circumstances, he stumbled onto the political design of the social pact that required that citizens, and no longer man, give up the game of preferences and certainly the subjectivising tendencies of the appetite.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA010612
Date03 June 2015
CreatorsAssouly, Olivier
ContributorsParis 1, Jaquet, Chantal
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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