L'astroturfing est une stratégie de communication dont la source réelle est occultée et qui prétend à tort être d'origine citoyenne. Il s'agit d'une stratégie trompeuse, puisqu'elle modifie sa source et ment sur son origine réelle. Bien que l'astroturfing s'inscrive en faux par rapport à la communication démocratique idéale, il en est peu fait mention dans la littérature scientifique, qui n'offre ni cadre théorique pouvant expliquer l'astroturfing, ni définition, ni portrait holistique du phénomène. Notre thèse explore l'astroturfing en présentant un portrait le plus fidèle possible de ce phénomène, puis réfléchit à l'impact qu'il peut avoir dans nos sociétés. L'hypothèse posée est que : Si l'astroturfing participe à la mise à l'agenda, alors il exerce une influence sur les agendas public, médiatique et politique. Ce faisant, l'astroturfing et ses voix astroturfs créent dans l'espace public des dysfonctions susceptibles de nuire à l'exercice de la communication démocratique et de la démocratie. Le cadre théorique s'articule autour de l'idée de démocratie et des jeux d'influence qui s'élaborent dans la communication émergeant au sein de l'espace public. L'idée de démocratie est centrée sur le citoyen, ses opinions et ses décisions, qui forment la pierre angulaire de ce système politique. Ce constat met en exergue l'importance de la voix citoyenne dans les démocraties. L'étude des groupes d'intérêts, de leurs rôles et de leurs impacts dans les démocraties mène à l'exploration des fonctions d'agenda (agenda-building, agenda-setting) et des nombreux mécanismes d'influence (influence interpersonnelle, two-step flow of communication, etc.) qui lient les acteurs en société. Ces théories mettent en évidence la principale motivation de l'astroturfing : influencer les agendas. Par la suite, le concept d'espace public pose les bases normatives de ce que serait la communication démocratique idéale (délibération, création et publicité de l'opinion publique). Ces critères sont ceux auxquels nous confrontons l'astroturfing pour juger de ses effets sur la communication démocratique et sur la démocratie. La recherche empirique menée est de nature exploratoire mixte. Son objectif principal est de déceler un nombre significatif de cas d'astroturfing dont l'analyse permet de dresser un portrait de ce phénomène communicationnel. Par une recherche documentaire sur le Web, 99 cas (s'appuyant sur 548 documents) sont débusqués. Un questionnaire ouvert guide l'analyse de contenu de ce corpus et permet d'identifier les processus de création et de dénonciation de l'astroturfing, ainsi que les objectifs poursuivis et les cibles visées. Dans un troisième temps, les unités d'informations sont catégorisées afin d'identifier les caractéristiques générales du phénomène de l'astroturfing. L'analyse univariée des résultats nous apprend que l'astroturfing est orchestré par une grande variété d'acteurs (entreprises privées, citoyens, gouvernements, OBNL). Il est aussi dénoncé et diffusé par le truchement de nombreux véhicules communicationnels (médias traditionnels, Web 2.0, blogues, etc.). L'astroturfing cible tant l'opinion publique, le consommateur, que le gouvernement. Il a pour objectif d'influencer les enjeux légaux et commerciaux, de même que l'opinion publique au sens large. Les moyens de communication qui soutiennent les stratégies d'astroturfing sont multiples et variés, mais ceux liés aux technologies de l'information et des communications (Web, Web 2.0, blogues, etc.) sont prépondérants. L'analyse bivariée des résultats de cette recherche permet d'établir des liens entre certaines variables et catégories, d'où émerge un portrait global des stratégies astroturfs les plus récurrentes. L'interprétation des résultats fait état, entre autres, des apports de la thèse au développement des connaissances en communication, en proposant une définition, une typologie des stratégies d'astroturfing (action, campagne, groupe conjoncturel, groupe pérenne) ainsi qu'une modélisation de l'astroturfing. Finalement, la discussion apporte des arguments en faveur de l'hypothèse de départ. En effet, les résultats de recherche démontrent que l'astroturfing est une stratégie de communication qui participe à la création et à l'influence des agendas public, politique et médiatique. D'autre part, l'ancrage des données dans les approches et concepts du cadre théorique (espace public, mécanismes de communication démocratique idéale, etc.) démontre que l'astroturfing est nocif puisqu'il corrompt les processus de communication démocratique.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : astroturf, groupes d'intérêts, influence, agenda-building, espace public, citoyens.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4466 |
Date | 02 1900 |
Creators | Boulay, Sophie |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Thèse acceptée, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4466/ |
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