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La mise en tourisme de l'Ardenne belge (1850-1914) Genèse et évolution d'un espace touristique. Processus, acteurs et territoires.

Ce travail sur la mise en tourisme de l’Ardenne se veut une première pierre sur laquelle, nous l’espérons, des recherches ultérieures, relatives à l’Ardenne mais aussi à d’autres espaces, pourront venir s’appuyer mais aussi se confronter. Pour poser les fondements, il fallait tenir compte du système touristique dans son ensemble et l’attaquer sur plusieurs fronts : celui des représentations, de la perception, celui correspondant à la réalité plus physique du territoire, celui de ses acteurs et en particulier des touristes qui le pratiquent. C’est que nous avons tenté.
Notre travail s’est prioritairement basé sur les ouvrages touristiques (guides touristiques, récits de voyage et leurs multiples combinaisons), source, injustement décriée par certains scientifiques mais pourtant incontournable pour le chercheur, pour autant qu’il s’attache à la questionner de manière approfondie et avec des outils renouvelés. Ces outils, nous les avons trouvés dans la cartographie numérique, empruntée à la géographie. Elle a ici été employée de manière innovante et dynamique pour traduire dans l’espace les données présentes dans les sources et ainsi clarifier, illuminer les processus et les transformations qui s’opèrent au sein des espaces considérés.
Dans une perspective interdisciplinaire, notre approche historique, s’est nourrie d’autres disciplines pour aiguiser ses méthodes. Elle s’en est aussi inspirée pour structurer ce travail.
Le concept de mise en tourisme, créé par les géographes, exprime le passage, pour un territoire, d’un état non touristique vers un état touristique. Nous l’avons combiné, de manière souple, au concept d’artialisation, conçu par le philosophe Alain Roger et qui exprime quant à lui le passage pour un espace de l’état de territoire à celui de paysage, soit grâce aux transformations, aux modifications physiques opérées sur le territoire lui-même par divers acteurs – on parle alors d’artialisation in situ –, soit grâce aux transformations opérées dans (et par) le regard collectif posé sur cet espace et induites par des modèles ou des schèmes de perception – l’artialisation est alors dite « in visu ». L’intérêt des deux concepts résidait notamment dans la place particulièrement significative que chacun d’eux accordent aux acteurs.
Un cadre qui s’envisageait selon trois grands axes était ainsi donné à nos résultats :
Le premier de ces axes est celui de la mise en tourisme in visu, qui correspond aux transformations opérées dans le regard collectif posé sur l’espace considéré, qui transforme cet espace en territoire touristique, à travers des modèles ou des schèmes de perception.
Nous y avons analysé l’origine de l’imaginaire associé à l’Ardenne, son contenu et son évolution ainsi que la construction de l’espace touristique ardennais comme un espace cohérent à travers les représentations et perceptions qui lui sont associées dans une série de médias (ouvrages touristiques, peintures, photographies, etc.).
Le second axe choisi est celui de la mise en tourisme in situ qui correspond aux modifications opérées de manière plus physique sur le territoire. Nous y avons privilégié une approche basée sur l’analyse approfondie des implantations hôtelières touristiques et de leurs exploitants, sur celle des curiosités touristiques et enfin, dans une moindre mesure de la résidence secondaire.
De manière générale, cette partie insiste sur le caractère progressif et l’ancrage local des infrastructures touristiques ardennaises qui contrastent avec la mise en tourisme in situ de la côte belge, réalisée à coup de projets de grande ampleur avec des capitaux extérieurs.
Le troisième axe correspond aux acteurs : ceux qui interviennent dans les processus décrits ci-dessus mais aussi et surtout les touristes. Nous nous sommes intéressée dans le dernier chapitre à leurs origines géographiques, à leur profil socio-économique (petite et moyenne bourgeoisie essentiellement), à leurs pratiques, etc. L’analyse de la source particulièrement exceptionnelle que constitue le livre d’or des grottes de Rochefort a notamment permis de mettre en évidence, aux côtés d’une sociabilité familiale classique, la présence en nombre de touristes (environ 30% des visiteurs de la grotte) venant par le biais de diverses associations créées dans le but d’encadrer les loisirs mais aussi de protéger et consolider les fondements de la nation. Elles constituent l’une des bases sur lequel s’appuie le tourisme en Ardenne mais aussi, pour certaines, les prémices d’un tourisme social.
Notre étude sur la mise en tourisme de l’Ardenne belge s’attache donc à expliquer comment ce territoire devient progressivement synonyme d’espace touristique, d’espace culturel et de loisirs. Elle en donne le sens.
Elle permet sans aucun doute de mieux comprendre la genèse du tourisme en Ardenne, les liens profonds qui existent entre cette nouvelle activité et le territoire dans lequel elle s’insère. Elle lui donne un cadre spatial et explicite les processus actifs en son sein.
Elle permet également certainement de mieux comprendre l’articulation et les différences entre le champ des représentations et celui des pratiques et de leurs infrastructures. Elle s’est intéressée de près aux acteurs de ces différentes sphères. A une autre échelle, elle éclaire une facette particulière de l’histoire de la Belgique.

Identiferoai:union.ndltd.org:BICfB/oai:ulb.ac.be:ETDULB:ULBetd-10262010-112509
Date27 October 2010
CreatorsQuériat, Stéphanie
ContributorsBillen, Claire, Decroly, Jean-Michel, Godart, Marie-Françoise, Jaumain, Serge, Peeters, Christian, Walton, John K., Tissot, Laurent
PublisherUniversite Libre de Bruxelles
Source SetsBibliothèque interuniversitaire de la Communauté française de Belgique
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typetext
Formatapplication/pdf
Sourcehttp://theses.ulb.ac.be/ETD-db/collection/available/ULBetd-10262010-112509/
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