En Grande-Bretagne, le Representation of the People Act de 1918 provoque un élargissement radical du corps électoral et place les classes populaires au cœur de la vie politique britannique. Ces dernières paraissent particulièrement susceptibles de voter pour la gauche et notamment pour le Parti travailliste qui cherche à s’imposer, depuis sa création au début du siècle, comme leur principal représentant. Pourtant, pendant l’entre-deux-guerres, les conservateurs exercent une véritable domination sur la vie politique. Cela pousse la gauche à remettre en cause ses stratégies en matière de diffusion des idées : un processus de médiatisation et de médiation est indispensable pour rendre ces dernières accessibles. Les différents partis, groupes et organisations para-politiques qui composent la gauche britannique investissent donc tout particulièrement le domaine culturel. A une époque, la démocratisation du système scolaire et de l’accès au savoir contribuent à l’émergence de ce que les professionnels du livre appellent le « New Reading Public », un public populaire dont le rapport au livre et à la lecture est en cours de définition. L’ensemble de la gauche fait alors de la production et de la diffusion du livre politique une priorité. Pendant la période qui s’étend de 1918 au début des années 1950, les éditeurs et les libraires de gauche sont considérés comme des acteurs de premier plan de la bataille des idées. Si certains d’entre eux restent fidèles à des modèles traditionnels définis aux XVIIIe et XIXe siècles, d’autres s’attachent à faire du livre un média de masse et élaborent de nouvelles stratégies en prenant en compte les normes de la culture de masse et en articulant logiques politiques et logiques commerciales. L’institutionnalisation progressive de la production et de la diffusion des livres de gauche a toutefois des effets ambivalents sur la réception de ces livres et, plus généralement, des idées de gauche. / In 1918, a new Representation of the People Act radically enlarged the British electorate, placing the working classes at the very heart of Britain’s political system. These populations seemed particularly prone to casting their vote leftwards, thus helping the Labour Party take power since, from its foundation at the beginning of the 20th century, it intended to become their main representative. Nonetheless, during the interwar period, the Conservative Party dominated British politics. This forced the Left to reevaluate the strategies it had developed regarding the dissemination of its ideas: processes of mediation and media exposure were necessary for those to be made accessible. Therefore, the various parties, groups and para-political organizations that formed the British Left invested the cultural field. The production and diffusion of political books became one of their priorities: the British school system and overall access to knowledge were being democratized and, according to the book trade, a “New Reading Public” was slowly emerging and progressively defining its relationship to books and to reading. From 1918 to the early 1950s, left-wing publishers and booksellers were thus seen as key players in the battle of ideas. While some of them remained attached to traditional editorial models, established in the 18th and 19th century, others intended to turn the book into a mass medium. The latter, inspired by mass culture standards, had to articulate political and economic logics. The institutionalization of the production and diffusion of left-wing books had ambivalent effects on their reception and, more generally, on the reception of left-wing ideas.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA010592 |
Date | 26 November 2014 |
Creators | Cocaign, Elen |
Contributors | Paris 1, Charle, Christophe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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