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Modélisation de l’expérience du travail de nature identitaire d’enseignantes en contexte de formation expérientielle continue à la maîtrise renouvelée en enseignement au préscolaire et au primaire

En septembre 2011 s’est tenue, à l’Université de Sherbrooke – Campus de Longueuil, la toute première rencontre de la maîtrise renouvelée en enseignement au préscolaire et au primaire. Nous y avons accueilli 31 personnes souhaitant effectuer un travail de nature identitaire, entre autres par le biais d’une démarche réflexive prenant appui sur la création d’un portfolio électronique professionnel. Cette formation s’est déroulée sur trois années au total à raison de six séminaires annuels comptant pour 15 crédits des 45 crédits que comporte la maîtrise. Pendant trois années consécutives, les personnes étudiantes se sont volontairement engagées dans un travail de nature identitaire.

La présente enquête porte exclusivement sur la première année de cette formation et vise la modélisation de l’expérience du travail de nature identitaire effectué par les 31 personnes s’étant inscrites dans la formation à la maîtrise renouvelée. Nous avons fait appel à la méthode de l’enquête qualitative pour réaliser cette recherche. Les données qui forment le corpus analysé sont constituées d’un ensemble de productions biographiques émanant des participantes comme travaux dans les séminaires (retours réflexifs et bilans de fin de parcours), de trois entretiens collectifs formels réalisés avec les participantes en fin de parcours, ainsi que du journal de bord de la chercheure. L’analyse des productions biographiques a été faite en trois temps : un examen phénoménologique, une analyse à l’aide des catégories conceptualisantes, et un travail de théorisation/modélisation. Le modèle généré à partir de l’analyse des productions biographiques a été validé par les entretiens collectifs formels ainsi que par le journal de bord de la chercheure. Pour donner à voir l’expérience du travail de nature identitaire dans sa singularité, deux récits phénoménologiques ont été produits.

Les résultats de cette enquête montrent que le travail de nature identitaire est un processus dynamique, créatif et interactif de production du sens qui se déroule au cœur d’une vie en perpétuel mouvement. Il concerne d’abord la personne et ses empreintes biographiques. C’est un travail qui est réalisé dans l’interaction et à travers de multiples rencontres : avec soi, en soi, avec l’autre et le monde. Ces rencontres sont génératrices de tensions entre ce qui résiste et ce qui pousse vers l’avant, entre le rejet et l’attraction, entre ce qui est, dans la réalité, et ce qui est souhaité pour l’à-venir. Ces tensions deviennent le point d’appui d’un balancier d’ambivalences qui amène la personne à se questionner et à se remettre en question pour trouver le sens de son existence et de son expérience. Pour être transformateur, un tel travail a eu besoin d’être soutenu par des leviers et a dû répondre à des conditions. Ces leviers et conditions n’ont pas tous eu les mêmes influences sur les personnes, sur leur vie, sur leurs pratiques, mais notre enquête montre qu’ils ont été porteurs d’un cheminement identitaire significatif, à des degrés divers. Ce travail n’est nécessairement facile. Il exige un engagement volontaire profond, de la rigueur, de l’ouverture et « beaucoup de cœur au ventre » de la part de la personne en formation. Il mène, entre autres, à une meilleure connaissance de soi, à une plus grande affirmation de soi et à une plus grande ouverture à soi ainsi qu’à l’autre.

La réalisation de cette enquête a permis de faire ressortir plusieurs éléments clés de l’expérience du travail de nature identitaire vécue par les 31 personnes dans ce contexte de formation expérientielle continue offert au programme de la Maîtrise en enseignement au préscolaire et au primaire. Cette étude contribue à l’avancement des connaissances sur l’expérience du travail de nature identitaire en formation continue et, du coup, elle apporte des changements en faveur de l’importance de la prise en compte de cette orientation par les formatrices et les formateurs quand il est question non seulement de former des professionnelles et des professionnels compétents, mais aussi des personnes capables de définir elles-mêmes le chemin qu’elles souhaitent emprunter afin d’acquérir le pouvoir de se créer et de devenir effectivement elles-mêmes, jour après jour.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/5440
Date January 2014
CreatorsRondeau, Karine
ContributorsJutras, France, Ntebutse, Jean Gabin
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse
Rights© Karine Rondeau

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