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La dualité ethnographe-physicienne : étude réflexive sur les négociations identitaires en physique

Étant physicienne, j’ai navigué dans un milieu où les femmes sont sous-représentées, tout comme plusieurs groupes historiquement marginalisés. Selon des principes de justice sociale, tout le monde devrait pouvoir contribuer à la construction des savoirs scientifiques : il est donc impératif de comprendre les mécanismes qui freinent la participation aux sciences de certains groupes. Alors que la notion de sous-représentation s’attarde au nombre d’individus dans une catégorie ou une autre, parler en termes de diversité et d’inclusion permet de s’éloigner du cloisonnement des individus. Ainsi, je pars du constat que les aspects, causes et conséquences associées au manque de diversité et d’inclusion dans la communauté scientifique sont complexes et se manifestent dans la communication et dans le vécu des individus. J’utilise le concept de travail identitaire pour analyser l’interpénétration des facteurs personnels, institutionnels et communicationnels qui freinent la diversité et l’inclusion dans mon organisation -- un département universitaire de physique -- et pour réfléchir sur les enjeux systémiques qui dépassent ses frontières. Profitant de mon point de vue de l’intérieur, j’ai effectué une ethnographie « chez soi ». J'y décris le travail identitaire ressenti et observé au Département de physique de l’Université de Montréal. J’ai ciblé trois éléments phares de la vie départementale, à laquelle participent autant la communauté étudiante que le corps professoral et qui peuvent déclencher un travail identitaire : les conférences, les projets de recherche et les comités départementaux. Je présente des processus de travail identitaire situés à l’intérieur même d’individus qui contribuent aux savoirs scientifiques, plus précisément, à travers des facettes identitaires historiquement peu mises de l’avant. De plus, j’explicite comment, dans un environnement donné, la confiance en ses habiletés de recherche peut s’effondrer puis se reconstruire. Porteur d’espoir, mon récit ethnographique souligne, d’une part, l’importance des comités de réflexion sur la diversité et l’inclusion à même les unités départementales et les groupes de recherches et, d’autre part, offre des pistes et des outils aux scientifiques qui voudront intégrer des réflexions sur des enjeux sociaux à même leur recherche. Enfin, il s’agit à ma connaissance de la seule ethnographie de milieu scientifique effectuée par une physicienne. / Being a female physicist, I have acted and interacted in an environment where women, like many other historically marginalized groups, are under-represented. According to social justice principles, everyone should be able to contribute to the construction of scientific knowledge. Therefore, it is necessary to understand the social mechanisms that limit the participation of certain groups. While the notion of under-representation has often been used to address the relative presence or absence of individuals in certain categories, I prefer to speak about diversity and inclusion which decompartmentalise individuals. My starting point is the observation that various aspects, causes, and consequences related to the lack of diversity and inclusion in the scientific community are complex and manifest themselves in communication and lived experience. I use the concept of identity work to analyze the interpenetration of personal, institutional, and communicational elements that restrict diversity and inclusion in my organization (a university physics department) and to reflect on systemic issues that go beyond organizational boundaries. Building on my insider’s point of view, I conducted an “at-home” ethnography in which I describe identity work at the physics department of Université de Montréal as I experienced and observed it. Specifically, I target three elements that are central to daily life in Department, that engage both students and professors, and that trigger identity work: seminars, research projects and departmental committees. Throughout this ethnographic tale with confessional tones, I link my internal identity processes as an individual contributing to scientific knowledge throughout identity facets historically marginalized. In addition, I show how, for a given environment, confidence in one’s research skills can be rebuilt after collapsing. Giving hope, my ethnographic tale highlights the importance of discussion groups on diversity and inclusion in departmental units and research groups and, furthermore, offers avenues and tools to scientists that want to engage with social issues in their research. Finally, as far as I know, this is the first at-home ethnography of a scientific community produced by a female physicist.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25844
Date03 1900
CreatorsFines-Neuschild, Mirjam
ContributorsHeaton, Lorna, London, David
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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