Cette thèse revisite le concept d’accountability élaboré par Robert (1991), défini comme un processus itératif en trois temps, visant pour un individu à justifier un acte qu’il a commis par rapport à des valeurs et des normes, que l’individu reconnaît comme siennes. Au sein des organisations, deux accountability sont définies. L’accountability hiérarchique se réalise à distance, du fait des outils de gestion. L’accountability sociale se réalise en face-à-face par les interactions directes. Cette thèse se concentre les interactions sociales, notamment conflictuelles, pour en comprendre l’influence sur la formation de l’accountability en organisation ; ceci tant au niveau de l’individu que du groupe. La première étude s’intéresse à la formation de l’accountability d’un individu quand il fait face à deux demandes de comptes antagonistes; ceci à partir d’entretiens de salariés qui doivent, au nom de l’entreprise, répondre à une demande sociale, restant alignée sur les principes du monde des affaires. À l’aide de la conceptualisation foucaldienne de la subjectivation de l’individu par lui-même, je montre que ces demandes, sont interprétées par les salariés selon leurs convictions propres. Ils proposent une réponse personnelle. Trop spécifique par rapport aux deux demandes, elle est rejetée. L’individu ne peut plus rendre compte. Pour rétablir l’accountability, une communauté alternative, regroupant les salariés interrogés, leur permet d’être considérés comme ayant bien agi.La seconde étude questionne, à partir d’une ethnographie, réalisée au Mali, la formation de l’accountability d’un groupe dont les collègues remettent en cause la mission. Elle montre que des salariés contrarient l’accountability de leurs pairs car ils mettent en place un produit adapté aux populations rurales, avec lesquelles les salariés urbains ne veulent être assimilés. Pour comprendre ce conflit de classe, les théories post-coloniales sont mobilisées. Elles aident à révéler un déplacement de la dichotomie entre « Nord / Sud », vers une séparation des Suds « élite urbaine / populations rurales ». Pour contrer ces difficultés à rendre compte, les salariés concernés développent une relation de redevabilité envers les villageois. Ils se rendent également mutuellement des comptes pour se soutenir, et réhabiliter leur accountability hiérarchique en s’appuyant sur leurs positions respectives. Cette étude démontre qu’au sein de l’accountability hiérarchique s’opèrent des ruptures, provenant de situations interactionnelles conflictuelles, et compensées par le développement d’accountability sociales alternatives. / This doctoral thesis examines Robert’s (1991) conceptualization of accountability in conflicting situations. In organizational contexts, individuals give account in two ways; at a distance, to show that their actions are aligned with the main goals of the company – hierarchical accountability -; in face-to-face situations, to provide explanations to people they meet - social accountability. First I study how accountability takes shape when an individual faces two antagonist demands for accountabilities towards the same act. Interviews were conducted with employees from CSR departments, whose mission is about providing an answer to social demands in the name of the company, while staying aligned with business principles. With the help of Foucaldian concepts of “Ethics” and “Moral” (1991), I show that employees interpret those two demands within their own norms and provide an answer that satisfies themselves first. This specific answer is rejected. Accountability is interrupted. In order to re-establish accountability, a community is created around that specific answer, gathering employees from various companies. This community provides a space to give accounts and confirms CSR managers are acting appropriately.Second, analysing ethnographic material, I try to understand how accountability takes shape when certain employees oppose the mission of their colleagues. Precisely, the discussion takes place regarding a product, which has been developed especially for poor rural populations, who are assimilated into the “underdeveloped world” and with which the Malian elite would not be associated. First, with the help of Saïd (1978) and Fanon’s (1952) work, I explain the reason for that class conflict through the dichotomy between “North and South”. This dichotomy has been translated south to “local elite / rural population”. Second, I show that to overcome difficulties, employees develop alternative forms of accountabilities toward villagers and toward themselves. The second form aims to develop mutual support but also reinstate accountability toward hierarchy by using their personal positions and degree of power in order to take a coordination action.Overall, this doctoral thesis shows that hierarchical accountability can be momentarily interrupted and later can be restored by the development of alternative types of social accountability.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA090012 |
Date | 04 June 2014 |
Creators | Grisard, Claudine |
Contributors | Paris 9, Berland, Nicolas |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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