Dans ce mémoire, j'examine quels ont été les impacts de l'éducation somatique sur mon rapport au corps incestué et mon mal-être. Je partage en quoi mes apprentissages somatiques ont contribué à une meilleure compréhension de la relation entretenue avec moi-même ainsi qu'à l'assainissement d'habitudes visant à engourdir et abstraire le corps. La littérature qui porte sur les conséquences de l'inceste et de l'agression sexuelle aborde généralement le corps d'un œil externe; peu de travaux scientifiques se fondent sur l'expérience de la personne agressée pour étudier la relation au corps. S'il est question des problèmes psychologiques ainsi que des conduites addictives et destructrices observées chez les victimes, rares sont les écrits où la personne est abordée d'un point de vue somatique. Il apparaît pourtant pertinent de considérer cet angle, l'agression sexuelle étant à la base une transgression corporelle intime. La méthodologie autoethnographique s'inscrit dans le paradigme postpositiviste. Elle accepte favorablement la subjectivité du chercheur en reconnaissant que la neutralité est impossible et qu'il existe une pluralité de points de vue. En se basant sur l'expérience du chercheur, l'autoethnographie propose une compréhension par l'interprétation personnelle d'un phénomène et vise ainsi à produire autrement des savoirs lorsque comparée à une perspective objectiviste. Elle puise sa force dans un vécu exposé et s'avère ainsi susceptible de toucher plusieurs personnes. Mon étude autoethnographique est constituée de diverses expériences somatiques et se fonde sur des données recueillies selon trois phases distinctes, soit des données qualifiées de « conscientes » et « hyper conscientes » colligées depuis mon entrée au programme en éducation somatique à l'hiver 2008, ainsi que des données « pré-éducation somatique », soit antérieures à mes études supérieures. Ce processus m'a d'abord permis d'apprendre à sentir mon corps pour ensuite rendre possible l'identification d'habitudes et comportements problématiques qui nourrissaient inconsciemment une fuite et un contrôle du corps. Prendre conscience de moi par l'expérience du mouvement a favorisé une ré-harmonisation de ma personne et un plus grand pouvoir d'action sur moi (empowerment). Mes différents apprentissages somatiques ont rendu possibles des changements profonds dans ma façon de vivre le corps en plus de favoriser un mieux-être au quotidien. À la lumière de mon expérience, le développement d'une conscience somatique est un sujet d'investigation qui mérite d'être approfondi chez les victimes d'agression sexuelle. Si la méthode Feldenkrais est l'approche d'éducation somatique utilisée dans ce mémoire, d'autres approches pourraient être pertinentes pour ce genre d'étude.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : autoethnographie, inceste, éducation somatique, rapport au corps, méthode Feldenkrais, conscience de soi.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4340 |
Date | 10 1900 |
Creators | Beaudry, Lucie |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4340/ |
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