Les inégalités sociales de santé sont particulièrement élevées en France. Si leur réduction est reconnue comme un enjeu de santé publique majeur, les politiques sanitaires restent centrées sur le système de soins et la modification des comportements " individuels ". Les travaux en épidémiologie sociale permettent de mieux comprendre comment ces inégalités se construisent et s'enchaînent tout au long de la vie. Cependant, l'absence de connaissances solides sur les moyens d'agir sur ces déterminants limite le passage à l'intervention. De nombreuses interventions locales sont mises en œuvre mais restent souvent peu décrites, peu évaluées et peu transférées. La thèse s'inscrit dans le champ de la recherche interventionnelle en santé des populations. Dans la première partie, la vision classique séquentielle des programmes de santé publique est déconstruite au profit d'une approche plus systémique. Différents niveaux d'intervention sont présentés, des programmes d'éducation à la santé individuels aux évaluations d'impacts sur la santé (EIS) qui permettent d'agir sur les déterminants sociaux de la santé. A partir d'une critique de l'essai expérimental, d'autres approches évaluatives sont présentées, basées sur une revue de la littérature sur l'" évaluation de programme ", domaine peu développé en France. La seconde partie décrit les résultats d'une recherche sur la transférabilité des interventions, menées à partir du programme AAPRISS (Apprendre et Agir Pour réduire les Inégalités Sociales de Santé). Un modèle visant à décrire les interventions en distinguant leurs " fonctions clés " (potentiellement standardisables et transférables) et leur implémentation, pouvant varier selon les contextes, a été développé à partir de différents projets de prévention inclus dans le méta-programme AAPRISS. Il repose sur l'hypothèse qu'une meilleure description des interventions, basées sur une distinction entre éléments transférables et éléments adaptatifs, constitue un prérequis à son évaluation et son potentiel transfert, et repose sur une co-construction entre professionnels et chercheurs. Dans une troisième partie, ce modèle est utilisé pour le programme AAPRISS lui-même. Les dynamiques d'échange de connaissance et de co-construction intersectorielle et interdisciplinaire sur lesquelles il repose sont analysées. La complexité des déterminants conduisant aux ISS plaide pour des programmes qui revisitant les projets existants plutôt que la création d'une nouvelle intervention visant à les réduire. Mieux comprendre comment fonctionnent ces projets et pouvoir reproduire des processus à même d'agir sur les ISS est essentiel. / Social inequalities in health are particularly elevated in France. Decreasing these inequalities has been on the political agenda since 2009. However, knowledge is sparse regarding possible interventions which would contribute to their decrease. Many local-level interventions are implemented, but most often they are not described, not evaluated, nor transferred. This thesis is embedded within the field of population health intervention research. The first part of the thesis focusses on deconstructing the archetypal vision of the intervention within the field of public health, wherein it is considered to be a sequential, technical programme. A systemic approach to interventions is then described. Different levels of intervention are described, from individual health education to Health Impact Assessment (HIA), aiming at addressing social determinants of health. By relying on a critique of the randomised controlled trial, alternative evaluation approaches are detailed, based on a literature review in the field of " programme evaluation " still relatively under developed in France. The second part of the thesis is centred on the results of research on intervention transferability, based on the AAPRISS (Apprendre et Agir Pour réduire les Inégalités Sociales de Santé) programme. A description model has been developed, based on a distinction between the " key functions " of an intervention (that is standardisable and transferable key elements), and their implementation, that can vary across contexts. It has been developed from different prevention projects included within the AAPRISS programme. It relies on the hypothesis that a better description of interventions, relying on a distinction between transferable and adaptive elements, constitutes a useful step to the evaluation and potential transfer of an intervention. The model is built on a knowledge co-construction between project leaders and researchers. In the last part of the thesis, the model is applied to the AAPRISS meta-programme itself. Knowledge exchange and co-construction dynamics on which it relies are analysed. The complexity and multiplicity of the determinants of health and SIH call for revisiting existing programmes more than for the creation of a new programme to reduce SIH.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015TOU30233 |
Date | 11 December 2015 |
Creators | Villeval, Mélanie |
Contributors | Toulouse 3, Lang, Thierry, Weisbein, Julien |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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