Le cinéma populaire indien est à la fois un lieu de création de mythes filmiques puissants et un univers qui interagit avec un autre corpus, celui des mythes et des épopées classiques, plus particulièrement le Ramayana et le Mahabharata. Si ces derniers ont souvent été l’objet d’adaptations, surtout dans les premières décennies du cinéma indien, le cinéma contemporain compose des rapports complexes et singuliers vis-à-vis des héros et de leurs hauts faits. Les mythes traditionnels surgissent au détour d’un plan, à la manière d’une résurgence morale, narrative et/ou formelle, tout comme – dans un mouvement inverse – le cinéma cherche ces mêmes mythes pour consolider son imaginaire. Ce travail sur les relations entre mythe et cinéma croise le champ de la politique et de l’Histoire. Les mouvements pour l’Indépendance, la Partition, les tensions intercommunautaires s’insinuent dans le cinéma populaire. La présence des mythes dans les films peut devenir une fixation esthétique des traumatismes historico-politiques. La difficulté de représenter certains actes de violence fait qu’ils viennent parfois se positionner de manière déguisée dans les images, modifiant irrémédiablement la présence et le sens des références mythologiques. Les mythes ne disent ainsi pas tout le temps la même chose. Ces résurgences mythologiques, qui produisent des mutations et des formes hybrides entre les champs politique, historique, mythique et filmique, invitent par ailleurs à un décloisonnement dans l’analyse de la nature et des supports des images. Ainsi, des remarques sur la peinture s’invitent dans le cours de la recherche aussi naturellement que des œuvres d’art contemporain, des photographies ou l’art populaire du bazar. Un champ visuel indien, large et métissé, remet en scène constamment des combinaisons entre l’arrière-plan et l’avant-plan, entre la planéité et la profondeur de champ, entre l’ornementation d’un décor et son abandon. Le cinéma populaire, traversé par la mémoire des mythes et des formes, devient le creuset d’un renouveau esthétique. / Indian popular cinema is both a place of filmic mythical creation and a universe interacting with previous bodies of work; the classical myths and epics, and especially the Ramayana and the Mahabharata. Although the latter have often been adapted, especially in the early decades of Indian cinema, contemporary cinema builds complex and attitudes towards heroes and their achievements. Traditional myths appear in a shot, in the manner of a moral, narrative and/or formal resurgence. In an opposite movement, this cinema seeks those same myths to strengthen its imagination. Working on the relations between myth and cinema, one has to cross the political and historical field, for Independence movements, Partition and inter-community tensions pervade popular cinema. Myths in movies can become an aesthetic fixation of historical-political traumas. The challenge of some representation of violent acts explain that they sometimes hide themselves in images, irreversibly altering the presence and meaning of mythological references. Therefore, myths don't always tell the same story. Those mythological resurgences, producing mutations and hybrid forms between the political, historical, mythical and film-making fields, also invite a de-compartmentalisation when we analyse the nature of the images and the mediums that welcome them. Our study naturally convenes notes on painting, as well as contemporary art, photography or bazaar popular art. A broad and mixed Indian visual field constantly recombines background and foreground, flatness and depth of field and ornemented and neglected sets. Popular cinema, moved by the memory of myths and forms, becomes the breeding ground of an aesthetic revival.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030126 |
Date | 24 November 2014 |
Creators | Azevedo, Amandine d' |
Contributors | Paris 3, Thomas, François |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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