Le classement des institutions pastorales peules du yaaral et du degal (Delta intérieur du Niger) à la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité de l’UNESCO est au fondement d’une interrogation sur les modalités de l’appropriation et de l’application des politiques internationales du patrimoine culturel immatériel. Dans un contexte de décentralisation politique et de transformations des sociétés agro-pastorales, le croisement des enjeux contemporains du pastoralisme transhumant à l’application du programme de sauvegarde conçu selon les nouvelles normes patrimoniales de la protection de la diversité culturelle, de l’implication des populations et du développement durable, alimente une réflexion sur les pratiques politiques de la tradition et de l’appartenance. Les interactions entre ce système politique et symbolique d’usage du passé et les représentations et pratiques ordinaires, parfois conflictuelles, du bien classé, révèlent les relations de pouvoir relatives à la gestion des identités et à l’exploitation du foncier entre l’État malien et divers acteurs. Le croisement et le recyclage mutuel de stéréotypes sur le pastoralisme peul mobilisés dans des stratégies contradictoires à des échelles locales, nationales et globales produisent une scène originale des fêtes de transhumance. Une lecture continuiste entre tradition et patrimoine dans laquelle celui-ci serait une forme extravertie et institutionnalisée de la tradition rend compte du caractère historique des processus de patrimonialisation et de leur inscription dans une histoire longue marquée par des usages et des reformulations dynamiques des symboles culturels. / The proclamation of the yaaral and degal pastoral institutions (Inner Niger Delta) on the UNESCO’s list of “masterpieces of the oral and intangible heritage of humanity” is the basis for the study of the forms of appropriation and implementation of international intangible heritage policies. In a context of political decentralization and transformation of agro-pastoral societies, the intersection of contemporary challenges of transhumant pastoralism with the application of a safeguarding program developed according to the new patrimonial standards for the protection of cultural diversity, the involvement of populations and sustainable development, fuels consideration of political practices of tradition and belonging. The interactions between this political and symbolic system of use of the past and ordinary representations and practices of the listed item, sometimes conflicting, reveal power relationships relative to the management of identities and land exploitation, between the Malian State and miscellaneous actors. The intersection and mutual recycling of stereotypes about fulɓe pastoralism mobilized in contradictory strategies at local, national and global scales, produce an original stage for transhumance festivals. Considering the continuum between tradition and heritage, in which heritage would be an extroverted and institutionalized form of tradition, highlights the historical nature of heritagization processes and their inclusion in a long history marked by uses and dynamic reformulations of cultural symbols.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011AIX10181 |
Date | 13 December 2011 |
Creators | Leblon, Anaïs |
Contributors | Aix-Marseille 1, Martinelli, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0136 seconds