La thèse s'inscrit dans une thématique générale reliée aux difficultés éprouvées par les organisations pour décrypter, comprendre et analyser les variations de leur environnement depuis l'explosion des échanges et la mondialisation des marchés. Nous débutons nos travaux par une double constatation, généralement admise par la littérature en sciences de gestion, à savoir que l'information est devenue en quelques années la matière première et le carburant essentiel de la chaîne de valeur de l'entreprise tandis que la maîtrise des informations émanant de l'environnement émerge, de plus en plus, comme un enjeu stratégique majeur pour l'organisation. Nos travaux se proposent de démontrer que, dans un contexte sans cesse plus turbulent, le processus décisionnel en entreprise doit savoir tenir compte des « signaux faibles » que délivre l'environnement. En effet, parmi l'ensemble des signaux reçus par l'organisation, la thèse distingue entre les « signaux forts » et les « signaux faibles » et montre leurs impacts différenciés sur la stratégie de l'entreprise ainsi que leurs conséquences, en termes organisationnels, sur la reconfiguration des processus au sein de la chaîne de valeur. L'objectif spécifique de la thèse est donc de chercher à reconnaître quelles sont les informations pertinentes que l'entreprise doit absolument traiter. Pour ce faire, nous examinons la façon dont certains signaux informationnels dit « signaux faibles » pénètrent et diffusent des connaissances nouvelles au sein de l'organisation. Dans un second temps, nous envisageons la manière dont ces connaissances peuvent impacter et moduler le format des processus de la chaîne de valeur. Dans un objectif plus global, notre thèse vise à poser les fonts baptismaux d'un management du processus décisionnel fondé sur l'observation, l'analyse et la compréhension des signaux faibles émis par le marché. En ce sens, nous postulons implicitement que le volume et la valeur des informations pertinentes dont peut disposer l'entreprise dépendent essentiellement de la capacité du management à piloter et à ajuster un double processus d'exploration et d'exploitation des informations délivrées par le signal faible. Les tentatives d'apprentissages, tant individuel que collectif, menées autour de la maîtrise du processus de gestion des signaux faibles se révèlent alors comme un enjeu majeur pour l'organisation confrontée à un environnement instable et difficilement probabilisable. Autrement dit, les signaux faibles sont de puissants vecteurs informationnels centripètes et des contributeurs indispensables à la formalisation et à l'exploitation des connaissances au sein de la chaîne de valeur. Les signaux faibles peuvent donc être considérés comme des informations d'essence anticipatoire qui sont, le moment venu, à l'origine de la reconfiguration des processus. La thèse insiste sur l'importance que doit prendre la gestion anticipative au sein des organisations. En effet, nous avons montré que la question de la gestion anticipative est directement reliée aux surprises que recèlent l'environnement de la firme. Le signal faible devient donc la clé informationnelle qui, à partir d'un évènement ou d'un état spécifique de l'environnement, permet de comprendre et d'anticiper le sens des perturbations à venir. La gestion anticipative de l'organisation se fonde alors prioritairement sur des informations pertinentes que l'organisation n'obtient qu'après avoir collecté, traité et analysé les signaux faibles décelés dans son environnement. Au-delà d'une simple vision statique de la recherche d'informations stratégiques, nous avons souhaité insister sur une vision dynamique de la valorisation des signaux faibles au sein de l'organisation. Dans un environnement mouvant, l'information « contextualisée » oxygène et fait respirer l'entreprise. L'exploitation des signaux faibles va, en outre, permettre de régler la fréquence respiratoire de l'organisation afin d'adapter les ressources et compétences de cette dernière aux différentes menaces ou opportunités spécifiques qui peuvent surgir dans son environnement. Au même titre ou sinon plus que le capital et le travail, l'information est devenue un facteur de production à part entière. En effet, issu d'un état instable de l'environnement, le signal faible est une information parcellaire qui présente la caractéristique de pouvoir potentiellement délivrer une charge informationnelle susceptible de venir renforcer la cognition et la cohérence de l'organisation. Dans l'avenir, nous espérons voir des travaux ultérieurs poursuivre dans cette voie de recherche afin de, peut être, mieux mesurer la réceptivité des entreprises au concept de gestion anticipative à partir des signaux faibles de l'environnement.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00009025 |
Date | 14 December 2004 |
Creators | MEVEL, Olivier |
Publisher | Université de Bretagne occidentale - Brest |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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