Dans la lignée des « romans de l’actrice » de la fin du XIXe siècle, plusieurs romanciers français et américains prolongent la fortune littéraire de cette figure au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un siècle marqué par l’essor du cinéma et plus largement de la culture populaire. Il s’agit d’analyser comment la littérature perçoit et raconte ces changements à travers la figure de l’actrice, que celle-ci soit inventée ou inspirée de personnes réelles. Les romans de l’actrice du second XXe siècle se caractérisent par une forte homogénéité des enjeux narratifs et empruntent à d’autres genres, tels que le roman de l’artiste et le conte de fées. La sémiologie du personnage central est marquée par un métier qui sème le trouble dans son identité, entre le moi, les rôles et la persona et par l’importance d’un corps portant les marques hyperboliques du genre et de la beauté. Les actrices romanesques illustrent la domination masculine et bien rares sont celles qui trouvent une capacité d’agir et se font « actrices » de leur devenir. L’écriture romanesque opère ainsi une « défiguration » de la figure qui expose la déchéance derrière les images splendides, ou exacerbe ces images pour faire de la merveille un monstre. L’enjeu de ces textes est également intermédial : il s’agit, pour le roman, de se mesurer au cinéma qui l’a remplacé dans son statut de récit populaire, en imitant ses procédés mais aussi en racontant ses modes de réception dans une vision parfois iconoclaste. S’opère ainsi une réflexion sur la littérature et la culture à travers la figure de l’actrice, artiste sans œuvre propre, parfois double de l’auteur dans des jeux entre référence et fiction. / Following in the footsteps of late-19th-century “actress novels”, a number of French and American novelists prolonged the literary fortunes of the actress-protagonist in the years immediately following the Second World War, in the broader context of a century heavily influenced by the rise of the cinema and, more largely, of popular culture. This dissertation analyzes how literature perceives and recounts these changes through the character of the actress, be she fictional or based on a real-life person. Actress novels of the second half of the 20th century are characterized by their predominantly homogenous narrative aims and borrow from other genres, such as the artist novel and the fairytale. The semiology of the main character is marked by a profession that confuses her identity between her own ego, her characters and her persona, and by the importance placed on her body that bears the hyperbolic markers of gender and beauty. Novelistic actresses illustrate male domination and few of them are capable of autonomous action, of becoming independent “actors” of their own destinies. Novelistic writing thereby causes a “disfiguration” of the very figure that exposes the degradation behind the splendid images, or exacerbates those images in order to transform the marvel into a monster. The goal of these texts is also intermedial: the novel is intended to be compared to cinema, which recently supplanted it in its status of popular tale, by imitating its techniques but also by recounting its modes of reception through a sometimes-iconoclastic lens. This leads to a reflection on literature and on culture via the figure of the actress, an artist without her own work, sometimes a clone of the author in a game between referentiality and fiction.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040133 |
Date | 10 December 2015 |
Creators | Casagrande, Thibaut |
Contributors | Paris 4, Tomiche, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image |
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