Depuis quelques années, le thème de l’hypersexualisation se retrouve régulièrement à la une des tribunes québécoises et internationales. Un nombre grandissant de chercheurs se préoccupent actuellement des divers effets de la sexualisation de l’espace public, c'est-à-dire l’omniprésence de standards de beauté inatteignables et sexualisés dans les médias et l’internet. Toutefois, alors que les débats sociaux et les outils de prévention ciblent spécifiquement les adolescents et adolescentes, force est de constater que peu d’études s’intéressent aux enfants et adolescents d’hier, maintenant jeunes adultes, qui doivent assumer les répercussions de ce phénomène qui a débuté à une époque où ils forgeaient leur identité (Arnett, 2000). Qui plus est, ces jeunes adultes se trouvent actuellement à une période charnière de leur développement, celle où se forment les relations amoureuses engagées (Arnett, 2004). Or, l’impact de la socialisation sexuelle sur la capacité à établir des relations de couple intimes et durables à l’âge adulte est encore peu documenté et, à ce jour, aucune étude recensée n’a cherché à mieux comprendre les fragilités et les enjeux sous-jacents à l’hypersexualisation. À cet effet, la présente étude s’intéresse aux vulnérabilités individuelles, en particulier les insécurités d’attachement, qui pourraient constituer un facteur de risque à l’adoption de conduites hypersexualisées. De plus, elle vise également à explorer les liens unissant l’hypersexualisation à l’intimité amoureuse, et ce, spécifiquement chez les jeunes adultes. Pour ce faire, 587 participants francophones, âgés de 18 à 30 ans et en relation de couple depuis un minimum de six mois ont été recrutés à travers le Québec. Ceux-ci ont volontairement participé à l’étude corrélationnelle transversale en complétant de façon anonyme une série de questionnaires en ligne évaluant l’hypersexualisation, l’attachement amoureux et l’intimité amoureuse. Des analyses de régression multiple hiérarchique ont été conduites afin de vérifier les hypothèses à l’étude. En contrôlant pour le sexe des participants, il appert que les insécurités d’attachement expliquent significativement les dimensions de l’hypersexualisation adulte, à l’exception du discours marqué par la sexualité. En effet, l’anxiété d’abandon est reliée au surinvestissement de l’apparence, à l’objectification sexuelle ainsi qu’à la sexualité axée sur la performance, tandis que l’évitement de l’intimité est lié à l’adoption d’une attitude de séduction et à un moindre sens accordé à la sexualité. Les résultats révèlent également des liens significatifs entre les échelles d’hypersexualisation et les dimensions de l’intimité amoureuse. Plus spécifiquement, il apparaît que le surinvestissement de l’apparence sexualisée est associé à une plus faible perception d’intimité émotionnelle, sexuelle et intellectuelle, alors que l’objectification sexuelle (négativement) et le sens à la sexualité (positivement) sont liés à toutes les dimensions de l’intimité amoureuse. L’échelle de sexualité basée sur la performance est quant à elle reliée à une plus faible intimité émotionnelle, sociale et intellectuelle. En ajout, l’attitude séductrice prédit une moindre intimité émotionnelle, intellectuelle et récréative. Finalement, seule l’intimité sexuelle corrèle positivement avec le discours sexualisé. La discussion présente des pistes d’explication à ces résultats, les implications cliniques qui en découlent, de même que les forces, limites et pistes de recherches futures.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/6035 |
Date | January 2015 |
Creators | Perron-Laplante, Josianne |
Contributors | Brassard, Audrey |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Josianne Perron-Laplante, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ |
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