Gide est aujourd’hui assez peu étudié en France, notamment dans le cycle secondaire, comme si la pensée du « contemporain capital » était devenue ésotérique, voire obsolète. Notre thèse entend montrer la nécessité de lire Gide : déjouant l’enfermement nombriliste majoritairement à l’œuvre dans le XX° siècle finissant et au XXI° siècle commençant, où le Je complaisamment s’observe et de facto empêche l’autre de se dire, notre auteur restaure un âge d’or dans une époque problématique. Inquiéteur certainement, mais dans un but conciliateur, sans aucun doute, Gide parvient à réconcilier le mythe et le roman. Notre thèse montre tout d’abord combien certains mythes, qui obsèdent l’auteur au point d’en devenir personnels, se conjuguent selon la forme romanesque, qu’il lui faut repenser afin d’en déjouer les conventions, les artifices, les écueils. Ainsi, le Je que l’on voit sans cesse à l’œuvre chez Gide se trouve sollicité par cette double motivation personnelle et mythique, donc universelle. En réponse à cette motivation, Gide crée un Je multiforme, protéen, qui parvient à échapper à l’individualité, à la clôture de la définition, ferment de toute séparation. Par les choix narratifs et les options prises dans l’énonciation, par la médiation de ce Je, Gide fonde l’accord du personnage non seulement avec les autres protagonistes, mais aussi avec la diégèse, et surtout avec le lecteur. Persona du théâtre antique et du mythe, sans être pour autant figure imposée et transcendante, le personnage gidien s’oppose à l’individu mythifié et autocentré – qui consacre le désaccord avec le monde pour le plus grand dommage du lecteur – et instaure le mythe humaniste de la personne. / Nowadays, Gide is not much studied in France in secondary education, as if the « essential contemporary’s » thought had become esoteric or even obsolete. Our thesis intends to point out the necessity of reading Gide : by thwarting the self-absorbtion present in the late 20th and in the early 21st century, when the I is being complacently observed, and thus prevents the other from talking, our author re-establishes a golden age in a problematical period. While certainly being very anxious to trouble his reader – though a conciliatory purpose –, Gide manages to reconcile myth and novel. Our thesis shows first of all how some myths, that haunt the author so much so that they become personal, merge with is the form of the novel, which he has to reconsider in order to evade its conventions, its tricks and its pitfalls. So, the “I” we see constantly in Gide’s work is spurred by this twofold personal and mythical motivation – and therefore universal –.Urged by this motivation, Gide creates a many-sided protean “I”, that manages to elude individuality and the closure of definition which is the ferment of separation. Through his narrative choices and his options taken of enunciation, and through the mediation of this “I”, Gide creates harmony between the character, the other protagonists, the diegesis and above all with the reader. Like the persona of the ancient theatre and of the myth – but far from being an imposed, transcendent figure – the character in Gide’s work can be opposed to the mythified, narcissistic individual – which sanctions the disagreement with the outside world which is so detrimental to the reader – and creates the humanist myth of the “person”.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040173 |
Date | 12 October 2012 |
Creators | Dubois, Elsa |
Contributors | Paris 4, Vouilloux, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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