Ce mémoire de maîtrise tient lieu de recherche exploratoire sur la croyance au mauvais oeil. Il s'agit d'un mauvais sort qu'une personne peut jeter sur une autre en lui donnant paradoxalement, « trop » de compliments, en lui exprimant
« trop » d'admiration, causant différents malaises : maux de tête, bâillements excessifs, faiblesse physique, ou encore, dépression légère. L'individu importuné a recours à un guérisseur et/ou à une série de moyens prophylactiques.
L'étude du mauvais oeil renvoie à une appréhension «traditionnelle», associée à la tradition orale et à la transmission pratique multiséculaire, de sorte que le mauvais oeil apparaît essentiellement comme une manière de penser et d'agir qui vient du passé et reste du domaine ethnologique et folklorique. Or, il se trouve que ce phénomène est actuel, bien que situé à la marge communicationnelle, dans des sociétés contemporaines et occidentales telles que l'Europe, et ici même, en Amérique du Nord. Ce qui nous préoccupe et ce qui constitue sans doute l'originalité de notre étude concerne dès lors la manière dont des individus qui ne sont pas issus d'une société traditionnelle et qui évoluent dans une société dite « post-moderne », appréhendent le phénomène et trouvent un sens dans celui-ci, que nous désignons comme « l'appréhension moderne du mauvais oeil ». Lors de cette étude, la dimension de l'envie a été privilégiée, en se posant une question centrale: est-ce que le phénomène du mauvais oeil consiste à neutraliser la violence que peut potentiellement générer l'envie? Pour y répondre, nous avons d'abord retracé la genèse et la description de l'appréhension traditionnelle du mauvais oeil selon les écrits scientifiques. Notre cadre conceptuel est construit à l'aide de données issues de différentes études de cas. À ces données sont combinés des éléments théoriques de la psychosociologie, avec Alberoni (1995), puis de l'anthropologie du religieux avec Girard (1999, 2001, 2002). Le souci qui anime notre recueil de données (à travers des entrevues semi-dirigées) et notre analyse tient au fait de se tenir le plus justement et le plus fidèlement possible à proximité de l'expérience du mauvais oeil telle que décrite et analysée par trois (3) participants à cette recherche. Dès lors, le but de cette recherche exploratoire n'est pas tant d'arriver à une généralisation de cette « appréhension moderne » du phénomène, mais plutôt d'explorer les motifs susceptibles d'expliquer sa pérennité, le tout, dans une perspective interdisciplinaire. Aussi nous relevons comment le recours aux rituels prophylactiques du mauvais oeil est une forme de parade à l'agressivité que pourrait enclencher le mal, conscient ou inconscient, causé par l'envie, phénomène plus courant qu'il n'y paraît et notamment associé aux modèles sociaux-économiques dominants et relayés par les média et les mots d'ordre de performance et de «visibilité». Ainsi posées dans le monde contemporain, nos conclusions se prolongent dans l'univers interculturel de la santé mentale et physique et de ses enjeux de compréhension interdisciplinaire. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Mauvais oeil, Envie, Violence, Interculturel.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2231 |
Date | January 2009 |
Creators | Koubanioudakis, Denise |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2231/ |
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