L’archipel japonais jouit d’un environnement riche en ressources naturelles : ressources halieutiques, climat diversifié et relativement doux, abondance des ressources forestières, diversité de la faune et de la flore. Ces bienfaits,rendus possibles par des conditions géo-climatiques particulières, s’accompagnent d’un prix élevé. Séismes, typhons et pluies torrentielles sont le quotidien des habitants de l’archipel. Ce dernier est occasionnellement le théâtre dephénomènes plus spectaculaires comme les tsunamis et les éruptions volcaniques. Au fil des siècles, la société japonaise s’est très bien adaptée à la récurrence de ces phénomènes et aux cycles de catastrophes qu’ils induisentdans leur sillon, et elle a construit ses propres stratégies pour les surmonter, constituant un véritable paradigme cindynique. Néanmoins, au détour du XXe siècle, de nouvelles formes de danger ont émergé au sein des sociétés industrielles. Ce sont les risques technologiques, auxquels le Japon n’a pas échappé. Dans ce nouveau contexte social, politique et économique, le 11 mars 2011 un séisme et un tsunami ont frappé la centrale de Fukushima, au nord-est du Japon, et déclenché une catastrophe nucléaire d’une gravité encore difficilement sondable. Au fil des années, l’ampleur de la crise sociale, environnementale, politique et sanitaire se révélant progressivement a fait émerger de nouveaux problèmes, qui de plus en plus remettent en cause le paradigme cindynique japonais contemporain. La crise met ainsi la société japonaise à l’épreuve d’un type de catastrophe dont les enjeux collatéraux, les plus dommageables, sont également les plus difficilement appréhensibles. Cette thèse cherche à prendre de la distance par rapport à l’événement de mars 2011 tout en faisant un parallèle avec celui-ci, afin de mieux comprendre les logiques de fond qui sous-tendent le fonctionnement du paradigme cindynique « traditionnel », et ses insuffisances au regard de la situation cindynique du Japon contemporain. J’ai pour cette raison axé le centre du terrain sur la péninsule de Kii, un petit morceau de terre situé au sud de Kyōto et constitué de montagnes boisées, abritant un grand nombre de petits villages côtiers et forestiers mais aussi quelques grandes villes, exposés à des aléas très violents. À travers différents domaines du fait social et culturel, la thèse analyse les stratégies de gestion développées par les communautés de la péninsule pour vivre avec les aléas, les catastrophes et surtout les ruptures qu’ils induisent. Les angles d’approches sont multiples : l’expérience directe et la mémoire, les structures sociales, le fait religieux, les savoirs et les dimensions spatiales et temporelles du rapport aux aléas et aux événements catastrophiques. Ces différents aspects, transversaux au vécu et à la gestion des cycles catastrophiques, sont explorés conjointement pour montrer les logiques adaptatives grâce auxquelles la société japonaise a composé, dans son développement, avec les instabilités de son contexte socio-politique interne et de son milieu naturel. / Japanese archipelago has the advantage of a rich environment, full of natural resources : halieutic resources, a diversified climate, large forests blessed with a rich wildlife and flora. In the other hand, Japanese populations suffer from violent and geophysical hazards, from common earthquakes, hurricanes and huge floods to more dangerous tsunamis and volcanic eruptions. Thus, population of Japanese archipelago early developed advanced strategies to overcome the influence of natural disasters cycles over centuries, building their very own cindynic paradigm. However, in the edge of the 20th century, new danger like technologic risks rose from industrial societies like Japan’s, America’s and so on. In such changing social, economical and political context, a mega-quake, followed by a huge tsunami, stroke the northern coast of Japan, in 2011, march the 11th. The day after the tsunami hit the Fukushima nuclear power plant, a nuclear disaster alert were released by Japanese government and foreign governments around the world. The years passing by, the social, environmental, political, and health crisis that expanded from this event revealed new environmental issues, encompassing this type of disaster that redefines and question the traditional Japanese cindynic paradigm. In order to grab the dynamic underlying traditional cindynic paradigm and the reason why it revealed itself to be unable to successfully overcome the crisis that Japan faces today,I chose to move the focus to a field away from Fukushima’s nuclear issues, while keeping an eye on it. The fieldwork of this Ph.D thesis is located in Kii peninsula, a small piece of land standing south of Kyōto. Kii is the landing place of powerful tsunamis, unleashed by mega-quakes produced by the Nankai trough, every 90 to 150 year period. It is also on the usual route of violent hurricanes and torrential rains, that strike from summer to autumn, causing heavy flooding damage. This thesis approaches the problem from multiple angles, crossing exploration of direct experience, memory of disasters, knowledge, religious and political issues. Through this method, I try to enlighten underlying dynamics that made Japanese population able to live in their dangerous environment.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017TOU20086 |
Date | 07 November 2017 |
Creators | Beaussart, Grégory |
Contributors | Toulouse 2, Bouchy, Anne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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