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Les partenariats en éducation à la santé à l'école primaire : analyse comparée entre le Québec et la France

Au Québec et en France, la santé à l'école est souvent vue à travers le filtre de la promotion de la santé et des grandes campagnes de la Santé publique relayées par la santé scolaire avec notamment des évaluations de programmes et des analyses inter organisationnelles (Weiner et al, 1988; Jourdan et al, 1998; Carlson et al, 2008 et Kreulen et al, 2009). Depuis quelques années, les textes officiels (le programme de formation de l'école québécoise au Québec (2001) et le socle commun des connaissances en France (1998) invitent les enseignants à aborder l'éducation à la santé de manière globale et systémique et à l'inscrire au plus près des apprentissages. Bien que l'éducation à la santé fasse explicitement partie du curriculum scolaire, celle-ci trouve difficilement sa place à l'école. Elle ne prend, en effet, pas la configuration d'une discipline et peut concerner différents champs scolaires (Éducation physique, Sciences de la vie et de la terre, mais aussi maîtrise du langage, prévention, développement durable etc.). Répondre à ces injonctions, suppose d'une part que les enseignants s'approprient l'objet et, d'autre part une ouverture de la classe en interne et de l'école vers son milieu. Pour cette recherche qualitative et comparative, nous nous sommes intéressés, dans un premier temps, à repérer la nature des actions collectives en éducation à la santé mises en place dans des écoles primaires au Québec (n=6) et en France (n=6), dans un deuxième temps, à analyser les différents types de partenariat et enfin, dans un troisième temps, à mettre en relation la nature des actions en éducation à la santé et les type de réseaux. Le cadre d'analyse du partenariat est celui de Mérini (1999, 2006) qui définit le partenariat comme « le minium d'action commune négociée visant à résoudre un problème ou une problématique reconnue comme commune ». Le corpus est constitué à partir des écrits professionnels (compte-rendu de réunion, production d'élèves, projet d'école, etc.) recueillis sur deux années et d'entretiens semi-dirigés. Pour notre analyse, seuls les écrits professionnels ont été pris en considération. Dans un premier temps, nous avons décrit et analysé la nature des actions en éducation à la santé d'une part, sous l'angle de la définition de Mérini (2007, 2009) à savoir que « l'éducation à la santé, à l'école, peut se concevoir comme l'installation d'une série de rapports à soi, aux autres, au milieu, au passé et à l'avenir dans le but d'amener l'élève par des opinions raisonnées à faire des choix éclairés en matière de santé » et d'autre part, au travers des pratiques des enseignants. Les résultats démontrent qu'au Québec, le rapport à soi est le plus travaillé alors qu'en France, c'est le rapport à l'autre. Au Québec, les actions semblent plus complexes qu'en France et combinent souvent plus d'un rapport. Enfin, au Québec, davantage d'actions en éducation à la santé s'inscrivent dans la promotion d'un mode de vie actif. Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressés aux logiques partenariales qui sous-tendent les actions en éducation à la santé sous l'angle des réseaux d'ouverture et de collaboration et des ressources utilisés pour mettre en place et développer ces actions. Les résultats démontrent que l'école trouve ses ressources en interne et que le réseau de type 2 dont l'enjeu est la formation des élèves est le plus fréquent. En France, les actions sont souvent sous-traitées car les enseignants considèrent les spécialistes plus compétents. Les intervenants extérieurs sont différents : en France, on retrouve surtout des « préventologues » tandis qu'au Québec, ce sont des parents ou des associations qui s'engagent dans les actions aux côtés des enseignants. Dans un troisième et dernier temps, nous avons vu que nous pouvions mettre en relation la nature des actions avec le type de partenariat à l'œuvre. Les premiers résultats montrent qu'au Québec comme en France, pour travailler l'éducation à la santé de façon globale et systémique et prendre en compte la complexité de l'éducation à la santé, les équipes organisent leurs actions en réseau de type 3. A l'aune de ces résultats, il apparaît donc essentiel d'offrir des formations conjointes qui permettent de vivre une expérience de la différence et le développement de phénomènes de type interculturel touchant toutes les dimensions de la santé (sociale, physique, environnementale, etc.) et par le fait même l'ensemble des rapports constitutifs d'une éducation à la santé et le travail collectif. Enfin, on peut envisager de nouvelles pistes de recherche autour du repérage et de la mesure des impacts des pratiques collectives en éducation à la santé sur les élèves, mais aussi sur l'évolution du travail enseignant. Le travail a aussi montré la nécessité pour la recherche, comme pour la formation, de s'interroger sur les habiletés à développer pour mener à bien une collaboration, et sur la spécificité des rôles de chacun dans le collectif.
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Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3957
Date03 1900
CreatorsBizzoni-Prévieux, Caroline
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeThèse acceptée, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/3957/

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