Avec la phénoménologie, naît une nouvelle idée de la raison qui, au-delà de l’alternative du rationalisme et de l’irrationalisme et contre sa réduction kantienne à une faculté, est redéfinie à l’aune de l’expérience qu’elle permet de décrire. Mais la difficulté survient lorsqu’il s’agit d’atteindre la raison de l’expérience sensible elle-même, en son irréductibilité à toute exigence rationnelle - en son caractère particulier, complexe, lacunaire ou indéterminé. Dès lors, à quelles conditions peut-on penser une logique du sensible, sans aussitôt trahir le sensible ou perdre la raison ? Le projet husserlien d’une « logique-du-monde » exige en sa compréhension comme en son renouvellement, une réévaluation des concepts de « raison » et de « sensibilité ». Notre travail consiste donc en l’étude problématique et critique de ces concepts, depuis deux moments de leur déploiement :leur inauguration husserlienne et leur radicalisation lévinassienne. Le choix de ces deux oeuvres a pour intérêt historique de mesurer l’ampleur de l’élargissement phénoménologique de la raison – d’une conception« intellectualiste » de la sensibilité chez Husserl à sa profondeur lévinassienne ; et pour intérêt problématique de mener le problème à son terme et dans ses dernières contrées, là où le sensible n’apparaît plus comme pétri de sens mais dans son irrationalité même, là où la sensibilité n’est plus la saisie perceptive d’une identité mais l’expérience affective radicale d’une exposition à l’altérité. C’est donc en sa fondamentale équivocité que la sensibilité doit se faire le lieu d’une épreuve renouvelée de la raison, le principe critique de la rationalité mobilisée par sa description. / A new idea of reason was born with phenomenology. Beyond the opposition between rationalism andirrationalism, and against its Kantian reduction to a faculty, reason is redefined in the light of the experiencethat it enables to describe. But the difficulty arises when we attempt to reach the rationality of the sensibleexperience itself, in its own irreducibility to the demands of reason - in its irreducible peculiarity, complexity,lack and indetermination. Under which conditions can we think a logic of the sensible without betrayingsensibility or compromising reason? Husserl’s project of a “logic-of-the-world” requires, in its understandingas in its renewal, a reevaluation of the concepts of “reason” and “sensibility”. This dissertation consists in acritical study of these concepts, from these two main moments of their unfolding: their Husserlian inaugurationand their Levinassian radicalization. From a historical point of view, this choice enables us to assess thisphenomenological extension of reason - from an intellectual conception of sensibility in Husserl, to itsLevinassian depth. From a problematical point of view, this choice enables us to lead the problem to its finalterms, where the sensible is not made of meaning anymore, but appears in its very irrationality - whensensibility is not the perceptive grasp of an identity, but an affective exposure to otherness. Thought in itsfundamental equivocity, sensibility must be the place of a renewed challenge of reason, the critical principle ofthe rationality used by its description.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA040193 |
Date | 01 December 2014 |
Creators | Lorelle, Paula |
Contributors | Paris 4, Romano, Claude |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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