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Avec ou sans équivalent : le poids de la définition dans une analyse lexicométrique des anglicismes lexicaux

Cette étude repose sur l’influence empirique d’un changement de paradigme définitoire sur l’utilisation des anglicismes lexicaux dans la presse écrite francophone. Construite autour d’une opposition entre anglicismes en général, anglicismes avec équivalent en français et anglicismes sans équivalent, elle analyse en diachronie (2000-2015) les nombreuses différences liées au changement de définition ainsi qu’à ses retombées sur des analyses comparatives portant sur l’origine géographique (France-Québec) et la nature (« de référence » ou « populaire ») du journal. Elle tente de contribuer à la recherche sous deux aspects différents :
(1) Seule contribution conceptuelle à illustrer, au sein d’un même travail, les répercussions qu’une définition peut avoir sur la fréquence d’utilisation des anglicismes lexicaux, cette étude montre qu’en se basant sur une opposition avec/sans équivalent, une analyse centrée uniquement sur les anglicismes pour lesquels il existe un équivalent en français (qualifiés d’« inutiles » par Forest et Boudreau 1998, de « fautifs » par Villers 2009) enregistre une forte réduction de la fréquence d’utilisation par rapport à une analyse englobant tous les anglicismes. Elle met également en avant le fait que près de deux anglicismes lexicaux sur trois relevés dans un corpus n’ont pas d’équivalent en français, ce qui pourrait imposer leur utilisation.
(2) Cette recherche est, à notre connaissance, l’une des premières à montrer statistiquement que la définition influe non seulement sur la fréquence et le nombre d’occurrences que l’on obtient mais plus important encore, elle dicte la façon dont les journaux évoluent selon différents critères d’analyse. En nous basant sur deux angles comparatifs différents (la diatopie et la nature), nous prouvons qu’un changement de définition entraîne des trajectoires d’évolution différentes, des rapports entre journaux différents et des variations diachroniques différentes.
Pour répondre à nos questions de recherche, nous avons constitué un corpus qui est, à notre connaissance, l’un des plus riches jamais utilisé pour une étude sur les anglicismes. Fort de plus de 330 millions de mots, il regroupe les publications de 2000 à 2015 de quatre quotidiens différents: Le Monde et Le Parisien pour la France, Le Devoir et La Presse pour le Québec. Nous avons également utilisé deux listes témoins, l’une de 5 416 anglicismes lexicaux et l’autre de 2 934, formées à l’aide de deux dictionnaires de langue générale (Le Petit Robert 2016 et Le Multidictionnaire de la langue française–4e édition 2013) et deux dictionnaires spécialisés (Le Dictionnaire des anglicismes de Höfler et Le Colpron, dictionnaire des anglicismes–4e édition) de France et du Québec, surpassant ainsi largement les travaux précédents.
Premièrement, les résultats que nous obtenons montrent qu’en général, la fréquence d’utilisation est faible (0,72% pour tous les anglicismes ; 0,28% pour les anglicismes avec équivalents ; 0,44% pour les anglicismes sans équivalent) que ce soit en France ou au Québec, ce qui est plutôt conforme aux conclusions des études précédentes. Il y a cependant des différences claires quant aux résultats obtenus pour chaque analyse étant donné que le taux d’anglicisme lexical est une fois et demi plus faible selon que l’on considère qu’un anglicisme doit avoir un équivalent ou non. Cela montre que la définition du concept d’« anglicisme » a une influence incontestable sur la fréquence affichée.
Deuxièmement, nous observons que ce changement de définition influe également sur des critères d’analyse spécifiques tels la diatopie ou la nature des journaux. Ainsi, notre étude révèle des nuances importantes quant aux tendances d’évolution sur quinze ans selon la définition retenue : l’évolution des anglicismes avec équivalents est par exemple à la baisse pour les journaux du Québec alors que celle des anglicismes sans équivalent est en hausse. Au niveau de la nature du journal, on peut par exemple retenir que Le Parisien, qui utilise de loin le plus d’anglicismes, forme un duo avec La Presse beaucoup plus hétérogène lorsque seuls les anglicismes avec équivalent sont pris en compte. Même chose pour Le Devoir et Le Monde qui affichent une trajectoire d’évolution quasi identique avec une définition large de l’anglicisme.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/38835
Date21 February 2019
CreatorsPlanchon, Cécile
ContributorsQuirion, Jean, Poncharal, Bruno
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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