Ce travail de recherche s'intéresse à l'activité des associations environnementales auprès de l'Union européenne autour de l'atténuation du changement climatique. Par rapport à une littérature essentiellement issue de la science politique et de la sociologie qui traite du " lobbying ", la présente thèse se démarque par une approche explicitement communicationnelle, dans un prolongement habermassien, à travers l'entrée conceptuelle d' " activité communicationnelle stratégique ". Plus exactement, elle pose la question suivante : est-ce que cette activité communicationnelle stratégique des associations environnementales auprès de l'Union européenne n'a pas tendance à affaiblir la protection environnementale qu'elles défendent ? Le cas d'étude concerne la révision du Règlement N°842/2006 sur l'utilisation des gaz fluorés à effet de serre. Ces gaz d'origine synthétique, largement utilisés dans le secteur de la réfrigération et de la climatisation, ont un impact grandissant sur le changement climatique. Dans ce dossier européen des gaz fluorés, un petit groupe d'associations environnementales s'est retrouvé de 2010 à 2014 face à une industrie divisée entre une frange prépondérante définie comme " conservatrice ", qui souhaite maintenir les conditions de production des gaz fluorés, et une autre, qualifiée d' " alternative ", proposant des technologies alternatives à ces " gaz F ". Dans le cadre de leur activité communicationnelle stratégique, les associations environnementales ont établi des relations étroites avec les entreprises de l'industrie alternative, qui sont qualifiées de " coordination " ; le but étant de contrer l'industrie conservatrice et de mieux peser sur les différentes institutions européennes. Les résultats de recherche de ce travail doctoral sont les suivants : le rapport des associations au pouvoir de l'Union européenne est ambivalent car les consultations pilotées par la Commission européenne jouent, dans un premier temps, le rôle de déclencheur de la dynamique civique anti-gaz fluorés puis renforcent son activité civique et la protection environnementale qu'elle défend ; dans un second temps, cette institution jouera un rôle modérateur dans l'ambition environnementale des associations : ces dernières s'adapteront à son positionnement. Plus généralement, les associations environnementales se retrouvent " piégées " par les coordinations qu'elles mettent en place avec l'industrie alternative puisqu'elles défendent un argumentaire commun faisant la promotion des technologies alternatives aux gaz F : le recours à la technique et à la croissance économique, associées à ces technologies alternatives et aux secteurs qui les utilisent, constitue une impasse pour les associations environnementales et affaiblit la protection environnementale qu'elles défendent. / This research focuses on the activity of environmental associations working on climate mitigation policy in relation to the European Union institutions. In comparison to political science and sociological literature's focus on "lobbying", this thesis is an extension of Habermas' work in that it takes an explicitly communicative approach. In doing so, it posits the concept of "strategic communicative activity" and raises the following question : does this strategic communicative activity environmental associations direct toward the European Union's political institutions actually weaken the environmental protection policies they seek to defend? In order to answer this question, this research examines the revision of the Regulation (EC) N°842/2006 which pertains to reducing EU Member States' use of greenhouse fluorinated gases ("F-gases"). F-gases are synthetic gases that are widely used as refrigerants, and their use contributes greatly to global warming. _is research scrutinizes the work of a small group of environmental associations between 2010 and 2014 that has faced a bifurcated industry : a strong "conservative" industry, manufacturing fluorinated gases and their applications like air conditioners, seeks to maintain its global market share, while an "alternative" industry promotes the use of technological alternatives to thoses synthetic gases. Trough strategic communicative activity, these environmental associations lead a "coordination" with the alternative industry to counter-balance the conservative industry and better weigh on EU decision-making. Applying my communicative approach to this case-study, I argue that the relationship between these environmental associations and EU institutions is ambivalent. First, the European Commission's consultations trigger the role of civic dynamics and reinforce it, leading to the enhancement of environmental protection. Second, the European Commission plays the role of moderator in shaping how these associations define environmental protection : they end up adapting to its positioning. Concurrently, the coordination between environmental associations and the alternative industry has the effect of trapping civic dynamics with common arguments by promoting technological alternatives to F-gases. Indeed, by relying on the arguments of economic growth and the use of technique, associated with these technological alternatives and the sectors working with them, the civic dynamics weakens the environmental protection ambition that it hopes to defend.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016TOU30242 |
Date | 28 October 2016 |
Creators | Jahier, Adrien |
Contributors | Toulouse 3, Suraud, Marie-Gabrielle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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