Cette thèse a été réalisée en cotutelle entre l'Université de Montréal (Histoire de l'art) et l'Université Paris 8 (Sociologie). / En 1967, l'artiste Sol LeWitt écrit dans son texte fondateur Paragraphs on Conceptual Art que l'art conceptuel nait essentiellement d'une idée, qui constitue par ailleurs l'élément principal de l'œuvre, et que lorsque toute la planification et les décisions sont arrêtées, l'exécution matérielle de l'œuvre d’art reste superficielle. Cette conception de l'art conceptuel a été reprise et développée par de nombreux artistes qui ont remis en question et défié le statut matériel de l'œuvre d'art. Certains artistes conceptuels ont même poussé le raisonnement plus loin en créant des œuvres réitérables, c'est-à-dire des œuvres qui sont constituées d’une idée initiale et primordiale, mais qui peuvent être physiquement (re)produites, non seulement par l'artiste, mais aussi par des tiers. Ainsi, Sol LeWitt a conçu une série de wall drawings, Lawrence Weiner ses célèbres Statements, Charlotte Posenenske une suite de modules désignés sous le nom de Reliefs, Félix Gonzàlez-Torres un ensemble d’amoncellements, ou stacks et Louise Lawler une séquence d'œuvres intitulée Tracings. Ces productions, qui ont rejoint les institutions artistiques, qu'il s'agisse de salles de vente, d'expositions ou encore de collections muséales, composent le corpus à l’étude.
Cette thèse alliant histoire de l’art et sociologie s'attache à retracer et à étudier les facteurs qui influent sur la valeur symbolique et pécuniaire de ces œuvres atypiques, en accordant une attention particulière aux documents produits par les artistes et par les institutions. Notre étude s’ouvre ainsi sur les définitions, la reconnaissance et la valorisation des œuvres multiples au fil du temps, sur les récits autorisés et sur les constitutions des valeurs des œuvres, en faisant ressortir les notions à partir desquelles se constituent ces valeurs, soit l’authenticité, l’originalité, l’unicité et la matérialité. À partir des notions abordées dans cette première partie, nous proposons dans la suite de cette thèse une analyse spécifique du corpus dans les différentes sphères du monde de l'art, du musée à la maison de ventes, en passant par la galerie, et complétons par un examen des discours institutionnels. Cette étude nous permet d’analyser la manière dont les œuvres d'art reproductibles et réitérables ont été appréhendées par les artistes et les institutions artistiques au fil du temps, ainsi que les moyens utilisés par ces institutions pour les exclure ou les introduire dans le canon. Notre recherche vise ainsi à mieux saisir comment les mécanismes de formation des valeurs des œuvres dites traditionnelles sont transférés aux diverses manifestations d'une forme d'art non conventionnelle : l'art conceptuel réitérable. / In 1967, artist Sol LeWitt wrote in his seminal text Paragraphs on Conceptual Art that conceptual art is essentially born of an idea, which is also the main element of the work, and that when all the planning and decisions have been made, the material execution of the artwork remains superficial. This conception of conceptual art has been adopted and developed by many artists who have questioned and challenged the material status of the work of art. Some conceptual artists have even carried this line of reasoning a step further by creating reiterable works, in other words, works that are made up of an initial, primordial idea, but which can be physically (re)produced, not only by the artist, but also by others. Sol LeWitt conceived a series of wall drawings, Lawrence Weiner his famous Statements, Charlotte Posenenske a series of modules known as Reliefs, Félix Gonzàlez-Torres a series of stacks and Louise Lawler a sequence of works entitled Tracings. These works, which have found their way into art institutions such as auction houses, exhibitions and museum collections, constitute the corpus under study.
This thesis combines art history and sociology to identify and study the factors that influence the symbolic and pecuniary value of these atypical works, paying particular attention to the documents produced by artists and institutions. This study thus opens onto the definition, recognition and valorization of multiple works over time, on authorized narratives and on the determination of value, highlighting the basis upon which these values are constituted: authenticity, originality, uniqueness and materiality. Based on the notions discussed in this first section, the remainder of this thesis closely analyzes the corpus within various spheres of the art world, from the museum to the auction house, via the gallery; and it is completed by an examination of institutional discourses. This study enables us to analyze the ways in which reproducible and repeatable artworks have been understood by artists and art institutions over time, as well as the means by which these institutions have excluded them from or introduced them into the canon. This project thus aims to better grasp how the value-forming mechanisms of so-called traditional works are transferred to the various manifestations of an unconventional art form: reiterable conceptual art.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/33151 |
Date | 09 1900 |
Creators | Théorêt, Alexandrine |
Contributors | Paquet, Suzanne, Quemin, Alain |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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