Notre travail porte sur la conception de l’histoire d’Antonio Gramsci, appréhendée à partir du problème de la périodisation (comment discerner les distinctions pertinentes dans le cours des événements, et faire droit aux ruptures radicales comme les révolutions ?). Nous montrons que Gramsci évite l’écueil d’une philosophie de l’histoire dogmatique, qu’elle soit matérialiste ou idéaliste. Son historicisme s’accompagne d’une constante attention à la concrétude et à la complexité des pratiques, situations et acteurs historiques – loin de les homogénéiser comme Althusser le lui a reproché. Pour autant, et contrairement aux philosophies néo-idéalistes (Croce et Gentile) contre lesquelles elle se construit, sa pensée ne dissout pas l’unité et la consistance du processus historique en une multiplicité de cas absolument singuliers et contingents. Elle parvient à saisir les époques historiques comme des totalités relativement cohérentes, qualitativement distinctes les unes des autres, et à rendre leur succession intelligible. En ce sens, ses réflexions fournissent des ressources précieuses pour répondre au « refoulement » de l’histoire qui nous semble caractériser de nombreuses théories post-modernes, et en particulier le post-marxisme de Laclau et Mouffe. Gramsci propose donc une philosophie de l’histoire ouverte, lourde d’enjeux pratiques. Pour le montrer, nous étudions les concepts historico-politiques décisifs qu’il forge (rapports de force, bloc historique, hégémonie, révolution passive, crise, etc.), et les analyses qu’il consacre à des périodes et situations historiques déterminées (Renaissance, Réforme, Révolution française, Risorgimento, fascisme, américanisme, etc.). / This dissertation examines Antonio Gramsci’s conception of history, especially as developed in The Prison Notebooks, and focuses on the issue of periodisation – how to make out relevant parting lines in the course of events, what to make of radical breaks like revolutions? We show here that Gramsci steers clear of a dogmatic philosophy of history, whether materialist or idealist. His historicism is borne up by a deep attention to the complexity of things and practices, of historical situations and agents – which he is very far from homogenising, despite Althusser’s claims to the contrary. Yet, unlike Italian neo-idealist philosophy and the theories of Croce and Gentile against which Gramsci develops his own, his conception of history never dissolves the unity and consistency of the historical process into a multiplicity of isolated, contingent cases. He is able to grasp historical periods as relatively consistent wholes, intrinsically distinct from each other, and to make sense of their succession. To that extent, his reflections provide us with invaluable tools to work against the “repression” of history which characterises much post-modern thinking, especially the post-Marxism of Laclau and Mouffe. Gramsci offers instead an open-ended philosophy of history, with decisive practical implications. To highlight this, we look at the key historico-political concepts he develops in his writings (power relations, historical bloc, hegemony, passive revolution, crisis), and at his analysis of specific periods and historical situations, such as the Renaissance, the Protestant Reformation, the French Revolution, the Italian Risorgimento, Fascim, or Americanism and Fordism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PA100123 |
Date | 04 December 2018 |
Creators | Douet, Yohann |
Contributors | Paris 10, Haber, Stéphane |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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