Le corps constitue un leitmotiv discret mais persistant dans l’oeuvre de Walter Benjamin : ce travail se propose d'en relever l'importance. La question du corps ouvre un point d'accès privilégié à la réflexion anthropologique de Benjamin, déterminant tout à la fois les problématiques épistémologique, éthique et politique qui structurent son oeuvre et lui donnent sa cohérence. La première partie de ma thèse s'attache à la théorie de la connaissance : j'y montre comment le corps, se dégageant progressivement de la philosophie benjaminienne du langage, s'impose comme la matrice d'une intention irréductible à la subjectivité, apte à en subvertir les catégories et les hiérarchies. Le trouble que le corps ni sujet ni objet, lieu disloqué tout à la fois intime et étranger, jette dans la division entre l'ego et le monde amène Benjamin à réévaluer la partition entre l'être humain et la nature. La deuxième partie met en évidence le rôle du corps dans l'éthique benjaminienne, qui interroge, à partir d'une réflexion sur la vulnérabilité somatique, la ligne de partage entre l'autonomie et l'hétéronomie et, partant, l'idéal de la souveraineté. Le corps, part de « nature » dont l'humain ne peut se défaire, est ce par quoi l'être humain éprouve le temps et peut comprendre sa propre historicité. La troisième partie s'intéresse à la façon dont Benjamin pense la compénétration de la nature et de l'histoire à partir des effets que la technique déploie dans la chair de ses contemporains. De là, il s'efforce de penser l'émancipation des masses, corps collectifs excentriques, affectibles, sans silhouette ni identité déterminées, que menacent l'exploitation capitaliste et la captation fasciste. / The body constitutes a discreet but persisting leitmotiv in Walter Benjamin's work. The question of the body is a privileged approach to Benjamin's anthropological thought, of great importance for the epistemological, ethical and political issues which structure and give consistency to his work. The first part of my thesis is about the theory of knowledge. I describe how the body, gradually leaving Benjamin's philosophy of language, becomes the matrix of an intention that cannot be reduced to subjectivity and is capable of subverting its categories and hierarchies. The body, neither subject nor object, close and disquieting at the same time, a place for suffering and desire, blurs the borderline between the ego and the world. This observation leads Benjamin to a reassesment of the division between the human being and nature. The second part puts into evidence the role played by the body in Benjamin's ethics which, starting from a reflection about somatic vulnerability, examines the separation between autonomy and heteronomy. As the part of nature that we cannot dispose of, the body is what gives us the feeling of time and enables us to understand our own historicity. The third part deals with Benjamin's thought upon the interpenetration of nature and history, as he witnesses the way technology affects the bodies of his contemporaries. Hence, he reflects on the emancipation of the masses, defined as excentric collective bodies without a precise identity or outline, threatened by capitalist exploitation and fascist domination.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA040161 |
Date | 03 December 2016 |
Creators | Barbisan, Léa |
Contributors | Paris 4, Raulet, Gérard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Collection |
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