La pratique de la guitare en France, largement inconnue avant-guerre, n'explose que durant les années 1960-1970. L'instrument est devenu quasiment incontournable dans les musiques populaires, en France ou dans le monde. Le fait le plus marquant n'est pas tant l'ampleur du phénomène que l'investissement symbolique dont la guitare fait l'objet, puisqu'elle est souvent prise pour l'emblème des genres musicaux qu'elle sert (rock, blues, flamenco, manouche, etc.). D'où vient l'idée qu'à chaque musique correspond sa guitare, à chaque guitare son symbole, à tel point que certains croient pouvoir lire « l'histoire du monde » à travers cet instrument qui aurait existé « de tous temps », par-delà la distinction savant/populaire ? Au-delà de cette mythologie de l'universalité de l'instrument, la recherche porte sur son symbolisme global, dont l'étude fait défaut. Une sociologie de l'actualité des pratiques de guitaristes amateurs et professionnels en France, plutôt que d'étudier des communautés correspondant à des genres supposés stables, permet d'interroger un monde musical transversal à la question des genres. Car c'est là sa forme obligatoire : le mélange des genres et le bricolage de soi, la revendication autodidacte, la labilité identitaire, les techniques de soi et la relation à la profusion technologique montrent un travail de symbolisation propre à cette modernité musicale ; ni un défaut, ni un excès, mais une négativité du symbole qui fait toute sa plasticité et permet de produire, dans l'acte musical, un rapport au monde entre individualisation et rationalisation, entre socialisation et subjectivation de l'expérience moderne.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00431521 |
Date | 08 June 2009 |
Creators | Caron, Florian |
Publisher | Université de Caen |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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