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Les manières de décrire l'événement de Polytechnique : entre "décision souveraine" et "décision de justice"

Ce mémoire interroge les effets produits par les différentes manières de décrire l'événement de Polytechnique (6 décembre 1989). À partir du débat sur l'«état d'exception» opposant Carl Schmitt, Walter Benjamin, Jacques Derrida et Giorgio Agamben sont théorisées les dispositions interprétatives de la décision souveraine et de la décision de justice. Ces deux dispositions permettent de faire l'analyse des manières de décrire l'événement. Tout comme les positions défendues par chacun des auteurs du débat sur l'«état d'exception», la décision souveraine et la décision de justice se rapportent à trois principes de souveraineté : I) L'événement qui pose problème en termes de sens dont la souveraineté se manifeste par le fait que c'est lui qui commande de produire du sens. II) Le concept de nomos qui désigne l'ordre à l'origine de l'événement, mais aussi sa logique de mise en ordre. Le nomos est souverain, car son existence agit comme condition de possibilité de l'événement et parce qu'il prescrit l'interprétation. Dans le cas de Polytechnique, c'est le nomos de la binarité qui est à l'origine de l'événement. Sa souveraineté s'exprime par la diffusion de la logique binaire à l'ensemble des textes sur les causes de l'événement. III) La force performative qui produit du sens en se rapportant soit au principe de l'événement souverain ou à celui du nomos souverain. Les dispositions interprétatives de la décision souveraine et de la décision de justice s'organisent à partir de ces principes, mais se distinguent selon l'effet qu'elles produisent. La décision souveraine entretient un rapport étroit avec le nomos de la binarité. En appliquant la logique binaire, elle fonde et conserve sa souveraineté, mais, surtout, elle produit un effet de certitude. La décision de justice, quant à elle, interprète l'événement, mais d'une manière qui a pour effet d'invalider l'applicabilité de la logique binaire. Elle produit un effet d'incertitude au sens où elle expose le problème de la représentation de l'événement et des catégories qui lui sont appliquées («victimes», «tueur», etc...) et évalue l'ensemble des significations propres à l'événement sans chercher à les hiérarchiser ou à en exclure. La décision souveraine revendique la capacité de trancher en toute certitude sur les causes de l'événement. La décision de justice tend à contester cette certitude décisionnelle. Plutôt que d'affirmer la souveraineté du nomos de la binarité, elle affirme la souveraineté de l'événement sans le réduire à sa capacité d'en produire un sens. Appliqués à un corpus de textes délimité selon la méthode de l'analyse du discours, ces concepts rendent visibles les effets produits par chacune des dispositions interprétatives.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Polytechnique, décision souveraine, décision de justice, Giorgio Agamben, Jacques Derrida, Walter Benjamin, Carl Schmitt, analyse du discours.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4478
Date12 1900
CreatorsDeslandes, Charles
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/4478/

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