Le système politique canadien monogenre (Tremblay et Everitt, 2020) a créé une philosophie politique où les hommes sont perçus comment étant l'option par défaut et les femmes, exceptionnelles (Trimble, 2017). En effet, il existe toujours au Canada une croyance répandue selon laquelle les hommes seraient de meilleurs leaders politiques que les femmes (Chen et al., 2023). Ceci est un exemple parmi tant d’autres de l’existence de rôles genrés dans la société canadienne où la présence des femmes au sein d’institutions politiques demeure incongruente (Schneider et Bos, 2019). La science politique canadienne a également longtemps ignoré la participation politique des femmes, car Brodie (1977) et Vickers (1978) ont mené certaines des premières études empiriques sur la candidature et l'élection des femmes à divers paliers gouvernementaux. Depuis ces études, le genre est demeuré un concept complexe et peu étudié (Vickers, 2016), comme en témoigne le débat sur l’accessibilité de la politique municipale aux femmes. Afin de combler ces lacunes, cette thèse se concentre sur les maire.sse.s canadien.ne.s, avec un intérêt particulier pour le genre, autant au niveau de la variation dans l’utilisation active d’une page Facebook, d’un compte Twitter et d’un compte Instagram, de leurs motivations à utiliser ces plateformes, que de leur performance visuelle genrée numérique.
Des données primaires révèlent un écart positif entre les maires et les mairesses au niveau de l’utilisation active des médias sociaux hors d’une campagne électorale. Des entretiens semi-dirigés auprès de maire.sse.s qui utilisent activement ces trois plateformes démontrent que le genre continue de jouer un rôle important en politique, notamment au niveau des motivations des maire.sse.s à utiliser les médias sociaux et des barrières genrées limitant la participation des femmes. Certaines mairesses ont partagé, lors de ces entrevues, avoir vécu du harcèlement en ligne, reçu des commentaires indésirés au sujet de leur apparence ou de leur mode de vie, ainsi que de devoir gérer une plus grande charge mentale. De plus, les résultats d’une analyse de contenu de leurs publications numériques visuelles suggèrent un plus haut niveau d’interactivité numérique chez les mairesses, et tandis qu’elles ont tendance à préférer une performance genrée congruente, mixte, voire d’évitement, les maires – qui démontrent également des performances mixtes – semblent pouvoir explorer des performances congruentes et incongruentes plus librement.
À la lumière de ces résultats, il est recommandé que les praticien.ne.s, tels que les politicien.ne.s et les médias, adoptent un langage non genré, développent et intègrent une étiquette numérique pour réduire le gender trolling et visent à changer la philosophie politique, notamment par le biais d'opportunités de formation visant un accès égal et inclusif aux rôles politiques.
Enfin, la science politique canadienne gagnerait à sortir des sentiers battus pour s'intéresser à la charge mentale vécue par les politiciennes, à la conception socialement construite et genrée d'une carrière politique et à s'efforcer de maintenir des données accessibles, fiables et à jour sur l'ensemble des acteurs politiques à l’échelle municipale. Pour faire suite aux propos de Collier (2022) sur l’absence de recherche sur la violence genrée en science politique canadienne, une discipline qui prétend se concentrer sur le pouvoir (780) se doit d’enfin confronter l’éléphant genré dans la pièce. / Canada’s mono-gendered political system (Tremblay and Everitt, 2020) has created a political ethos where men continue to be seen as the default option, and women as exceptional (Trimble, 2017). Indeed, there continues to be a widespread belief in Canada that men are “naturally better” leaders than women (Chen et al., 2023), which echoes constructed social roles which label women politicians as incongruent (Schneider and Bos, 2019). Canadian political science research itself has long ignored women’s political participation, as Brodie (1977) and Vickers (1978) conducted some of the first empirical studies on women’s candidacy and election in various levels of government. Since these seminal works, gender has remained a complex and under-researched concept (Vickers, 2016). Such gaps are evident in the existence of a debate on the accessibility of politics to women, especially regarding municipal politics.
In order to fill these gaps, this dissertation focuses on Canadian mayors through a gender lens by examining the gendered variation in mayors’ active use of a Facebook page, Twitter account and Instagram account, their motivations to use social media and their digital political gender performance.
Using primary data, results show a positive gender gap in mayors’ active use of social media outside of an electoral campaign. Semi-structured interviews with digitally active mayors demonstrate that gender continues to play an important role in politics, as much in relation to mayors’ motivations to use social media to gendered barriers limiting women’s participation. Women mayors shared experiences of gender trolling online, unsolicited comments on their appearance or lifestyle, as well as a greater mental load. A content analysis of their visual social media publications shows a greater level of digital interactivity among women mayors, and while women mayors tend to gravitate toward congruent, mixed gendered performances and avoidance strategies, men mayors – who also display mixed performances of their gender – more freely explore congruent and incongruent approaches to gendered stereotypes.
In light of these findings, it is recommended that practitioners, such as legislatures and news media, adopt gender-neutral language, develop and integrate a digital etiquette to reduce gender-trolling and aim to change our political ethos, namely through political training opportunities aimed toward hegemonic men, rather than blame women for their underrepresentation.
Finally, Canadian political science would gain to stray from the beaten path to focus on the mental load experienced by women politicians, the socially constructed and gendered conception of a political career and to strive to maintain accessible, reliable and current data on all Canadian local political actors. To echo Collier’s (2022) call to action on gender-based violence research in Canadian political science, for a discipline that claims to center itself on power (780), it has long skirted the gendered elephant in the room.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32788 |
Date | 08 1900 |
Creators | Sullivan, Katherine V.R. |
Contributors | Bastien, Frédérick |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | English |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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