Ce travail a pour objectif de circonscrire, dans l'oeuvre de V.S. Naipaul, une image chère à celui-ci: le home. Nous voulons mettre en valeur l'ambiguité de cette image chez celui-ci. En effet, elle désigne, dans l'oeuvre, tantôt un espace propre et vital, sans lequel le sujet ne serait pas en mesure de « tenir » face aux épreuves du réel, tantôt un lieu imaginaire et factice, symptomatique d'une personnalité schizoïde. Nous respectons dans ce travail l'ambivalence avec laquelle est
« traitée » l'image du home. Il s'agira de ne pas négliger l'une ou l'autre des significations que prend alternativement celle-ci. Dans un premier temps, nous établissons un lien entre l'image du home chez Naipaul, et la notion de lieu (place) dans la théorie contemporaine anglo-saxonne. Les auteurs auxquels nous référons interrogent les diverses acceptions que peut prendre le terme de « lieu » en fonction des situations historiques. C'est la valeur de « retraite » accordée au lieu qui retient particulièrement notre attention. Dans le deuxième chapitre, nous mettons à profit les oeuvres de Gaston Bachelard et d'Emmanuel Levinas, qui tous deux ont tenté d'atteindre aux « fondements » de l'habiter. Nous tentons de saisir en quoi leurs réflexions se distinguent nettement de celles des auteurs étudiés dans la première partie. Bachelard et Levinas, grosso modo, ont eu tendance à faire l'apologie du lieu entendu comme « retraite ». Celle-ci, chez ces auteurs, est une condition insigne de l'existence. Nous faisons contraster cette apologie avec quelques romans de Naipaul dans lesquels le home figure avant tout, pour les narrateurs, un objet de détestation. La raison en est simple: chez Naipaul, les narrateurs n'ont le plus souvent pas de maison. Le home devient alors un objet de frustration. Enfin, nous soulignons une certaine tendance, chez l'auteur, à employer le langage clinique lorsqu'il s'agit du home. L'image du « lieu de retraite » est souvent, dans l'oeuvre, traitée comme une formation défensive du sujet. Le home prend ainsi place dans une théorie des défenses, que Naipaul élabore lors de ses voyages en Inde. La « retraite » prend une connotation nettement clinique qui se rapproche de la dissociation. Nous explorons ce que nous appelons la « métaphore clinique » des reportages sur l'Inde. Pour finir, nous montrons que cette « métaphore clinique » est peu à peu abandonnée par l'auteur, qui admet que le home peut être le signe d'une créativité, et non seulement d'une défense.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2024 |
Date | January 2006 |
Creators | Dion-Ortega, Antoine |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2024/ |
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