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Être gouverné : entre science et politique

Cette thèse porte sur la manière dont nous sommes gouvernés. J’avance que nous sommes gouvernés par la science, moins par son contenu que par sa forme. Dans la foulée des écrits de Foucault, je m’appuie sur la spécificité du mode de rationalité qui lie l’exercice du pouvoir à la science. En découle deux énoncés qui permettent de saisir comment le pouvoir s’exerce : 1. La forme de la rationalité scientifique cadre et oriente la production de la vérité ; 2. Cette configuration sous-tend la pratique scientifique, mais aussi l’exercice du pouvoir, par conséquent le politique. Comme le montre Hacking, cette forme de rationalité implique des opérations qui activent des moteurs de découverte (compter, quantifier, créer des normes), qui propulsent des moteurs d’organisation et d’administration (normaliser, bureaucratiser). Cet ensemble constitue une matrice dans laquelle opèrent des mécanismes (quantification, prévention, intervention), des procédures (examen, gestion) et des techniques (pacification, sensibilisation, éducation, responsabilisation, autonomisation et mobilisation). Une métaphore visuelle permet d’illustrer cette complexité avec un exemple précis, celui de l’édifice du gouvernement par la science. Ceci me permet d’identifier les points de bascule entre l’entreprise scientifique et les ambitions de nature politique. L’encadrement de la reproduction humaine me sert de point d’entrée, car c’est un enjeu central dans nos sociétés. Puisque c’est dans le discours que savoir et pouvoir viennent s’articuler, j’ai utilisé des données de source secondaire, plus précisément les écrits d’une revue réputée pour son influence, le The Lancet, en particulier son projet sur les mortinaissances et ses impacts (2011-2030), relayé par l’OMS et l’ONU. Cela permet d’identifier des stratégies discursives et des techniques argumentatives (par exemple : amplification, atténuation, gommage) qui favorisent le passage de la recherche scientifique à son application programmatique dans la société. La conclusion est qu’une recherche menée au confluent des registres de la science (il y a) et du politique (il faut) permet de dégager, au-delà des études de cas, les noeuds constitutifs qui participent de la manière dont nous sommes gouvernés.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/31845
Date22 October 2018
CreatorsBeaudoin, Samuel
ContributorsCouillard, Marie-Andrée
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (x, 255 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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