En 2005, l’article 1er du Statut général des militaires était révisé. A la version précédente de 1972, était ajoutée l’exigence du consentement au sacrifice suprême comme contrainte liée à l’état militaire. Cet ajout nous a conduit à nous poser une question simple mais essentielle : si le sacrifice suprême est une caractéristique fondamentale et traditionnelle du métier des armées, pourquoi a-t-il été jugé nécessaire de le faire apparaitre dans un texte de loi encadrant l’activité militaire ? De cette simple question sont nées de nombreuses interrogations portant sur la pratique du sacrifice et les normes qui l’entourent. Au travers de l’approche constructiviste et de perspectives provenant de différentes disciplines académiques telles que la sociologie, la philosophie, l’histoire ou les relations internationales cette thèse vise à démontrer que le sacrifice suprême ne devrait pas être imposé par une loi. En montrant que le sacrifice est avant tout une pratique religieuse et économique adossée à une transcendance et au besoin de reconnaissance, ce travail souligne qu’en l’absence de ces éléments le sacrifice suprême ne peut être exigé. Par ailleurs, envisagée hors du cadre des guerres traditionnelles, la mort pro patria, initialement légitimée par la défense de la patrie, n’est plus pertinente. L’intervention en Afghanistan illustre nos réflexions. Cette étude de cas permet d’expliquer comment, afin de maintenir l’idéalité du sacrifice suprême, cette intervention a été décidée dans le cadre d’un processus de sécurisation et été présentée de manière trompeuse comme une guerre justifiée par la menace que le terrorisme représente à l’encontre des démocraties libérales. / In 2005 the 1972 Statut général des militaires (General statute of military personnel) underwent a major revision: the addition of the consent to supreme sacrifice to the constraints of the profession of arms. This addition gives rise to a simple but essential question: why, given that sacrificing one’s life for the nation is the very essence of the military, is it necessary to add such an obligation in a legal document? From this simple question stem many other interrogations about the practice of supreme sacrifice and the norms surrounding it. Through the constructivist approach and using perspectives from different academic fields such as sociology, philosophy, history and international relations, this doctoral thesis aims at demonstrating that supreme sacrifice should not be imposed by a law. Showing that sacrifice is first and foremost a religious and economic practice built up against both a transcendence and the need for gratefulness, this work underlines that in the absence of these factors supreme sacrifice cannot be demanded. Furthermore, out of the framework of traditional wars the pro patria mori, initially legitimized by the need to defend the homeland, is no longer relevant. In order to support our point we will use the case of the intervention in Afghanistan, demonstrating how, in order to maintain the ideality of supreme sacrifice, it has been decided through a securitization process and presented in a misleading way as a war justified by the threat terrorism represents to liberal democracies.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015IEPP0041 |
Date | 09 December 2015 |
Creators | Goffi, Emmanuel |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Colonomos, Ariel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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