Qu’est-ce que l’invention ? Ce travail repose la question dans l’horizon du développement de la technoscience contemporaine, lorsque la frontière entre les notions de production, de découverte et d’innovation se brouille. Il s’installe au carrefour des sciences cognitives (l’énaction), de la philosophie (le post-kantisme de Fichte) et de la technologie (thèse de la technique anthropologiquement constituante). C’est le paradigme de l’énaction qui fournit l’impulsion initiale : il permet d’une part de reposer le rapport entre un organisme et son environnement, d’autre part de repenser les oppositions conceptuelles reçues à partir de la « relation Étoile » qui montre qu’il n’y a pas d’extériorité entre les termes. L’énaction permet donc d’étayer la définition de l’invention comme rapport à ce qui n’est pas donné. Il faut alors dégager l’invention des « manèges » dans lesquels elle a souvent été pensée : découverte ou création, exhumation ou production, etc. La philosophie de Fichte confirme la nouveauté épistémologique d’une telle approche : la doctrine de la science est cette démarche qui fait émerger le Moi et le non-Moi dans l’énonciation de ce qui ne se trouve pas là comme préexistant sans pour autant le créer ex nihilo. Enfin, la dernière partie de ce travail propose une approche organologique de l’invention, comme rapport entre organes, organismes et organisations : il s’agit toujours d’épistémologie, dès lors que celle-ci est bien la pensée de la mise en situation du connaissant dans l’institution pragmatique de ce qu’il décrit, c’est-à-dire de ce qu’il fait-venir – ce que dit l’invention dans son étymologie. / What is invention? This work raises the question in the midth of the contemporaneous developments of technoscience, where the frontiers between production, discovery, and innovation are blurring. It is at the crossroads of cognitive science (namely enaction), philosophy (Fichte’s philosophy), and technology (thesis of technology as anthropologically constitutive). The paradigm of enaction triggers the first steps of demonstration; it allows on the one hand to reset the relationship between organism and environment ; on the other hand, to cast new thoughts on traditional conceptual oppositions, where the « Star relationship » shows that there are no exteriority between such terms. Therefore, enaction strengthens the definition of invention as relation to what is not given. Hence the task to free inventions from alternatives: discovery or creation, exhumation or production, etc. Fichte’s philosophy brings confirmation to the epistemological novelty of such an approach: the Theory of science is precisely this conceptual move to have Ego and non-Ego emerge jointly in the enunciation of what is not there, not preexisting, without being inexistent and created ex nihilo. The fourth and last part proposes an organological approach of invention, as being a relation between organs, organisms, and organisations: it is still a matter of epistemology, when it is thought as a reflection on the situatedness of the knower caught in the pragmatic institution of what she describes, that is to say what she makes to come – what is invention according to etymology.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018COMP2414 |
Date | 07 April 2018 |
Creators | Gérard, Mathias |
Contributors | Compiègne, Sebbah, François-David |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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