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Les « experts » de la migration temporaire: une économie politique au quotidien de l'industrie migratoire entre le Guatemala et le Québec

Aujourd'hui, on estime qu'environ 170 millions de personnes sont des travailleurs migrants internationaux. Une part importante d'entre eux accèdent à des emplois à l'extérieur de leur pays d'origine par le biais de programmes de migration de travail temporaire (PMTT) destinés à gérer la mobilité humaine en fonction des besoins et intérêts économiques des États. Une vaste littérature s'est employée à documenter les intersections entre les politiques migratoires et le marché du travail ainsi que leurs multiples effets sur les expériences d'immigration et d'emploi des travailleurs migrants temporaires. En revanche, nous en savons encore très peu sur les processus et les acteurs qui font tourner les rouages de la migration temporaire au quotidien. Ma thèse souhaite mieux comprendre ces dynamiques internes de la migration en prenant comme angle d'étude l'industrie migratoire formée par les intermédiaires responsables du recrutement et du placement en emploi des travailleurs migrants. À partir d'une perspective théorique de l'économie politique internationale au quotidien, elle cherche à expliquer les sources, la nature et les manifestations du pouvoir de cette industrie migratoire dans la gestion de la migration temporaire. La thèse étudie plus spécifiquement les dynamiques transnationales d'intermédiation qui sous-tendent la présence croissante de travailleurs migrants temporaires guatémaltèques dans l'agriculture québécoise. À partir d'une recherche qualitative réalisée au Guatemala et au Québec, comprenant des entretiens avec des travailleurs migrants, des producteurs agricoles et des agences de recrutement et de liaison, j'ai voulu identifier les différents sites de pratiques quotidiennes d'intermédiation et analyser comment ils façonnent l'(im)mobilité des travailleurs migrants. Je démontre que par leur savoir-faire et réseaux, les intermédiaires exercent une influence sur l'ensemble du processus migratoire, du recrutement dans le pays d'origine, en passant par le séjour de travail au Québec, jusqu'au retour au Guatemala. Ils sont dotés d'un pouvoir invisible, mais relativement autonome qui se déploie dans tous les interstices de la migration et qui vise à faciliter et contrôler l'(im)mobilité des travailleurs guatémaltèques de sorte qu'elle cadre avec la logique utilitaire des PMTT. Ainsi, par leur présence et travail sur le terrain, les intermédiaires deviennent des « experts » qui mettent en marche et assurent la reproduction quotidienne de la migration temporaire.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/45771
Date23 December 2023
CreatorsCoderre-Proulx, Mylène
ContributorsPellerin, Hélène
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf
RightsAttribution-NoDerivatives 4.0 International, http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/

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