Fruit d’une enquête ethnographique de trois ans menée dans un quartier de Samarcande, ce présent travail questionne les fondements et l’usage du sentiment d’appartenance à une communauté locale. Depuis l’éclatement de l’Union soviétique, l’Ouzbékistan indépendant fonde en effet sa légitimité sur l’affirmation d’un ethos particulier qui s’incarnerait dans ces communautés. Cependant leur rôle central semble, de prime abord, fragilisé à la fois par leur institutionnalisation et par le développement rapide des migrations internationales. Toutefois un faisceau d’hypothèses laisse penser que le sentiment d’appartenance s’enracine moins dans un passé commun que dans un système de valeurs qui se manifesteraient dans des pratiques communautaires constamment réactivées par des liens de voisinage et de parenté. Les discours insistent de fait sur le caractère plus ou moins contraint et spontané de la participation à ces pratiques selon qu’elles sont prescrites par l’État ou préconisées par la communauté. L’accent mis sur la commensalité permet de concevoir la consubstantialité des membres de la communauté. De plus, filiation agnatique et patrivirilocalité consolident le socle idéologique d’une autochtonie imaginaire. Tandis que sur ce fond de forte idéologie agnatique, sociabilités masculines et féminines se déploient dans des sphères distinctes, les liens cognatiques conservent toute leur importance. Enfin, l’accomplissement de soi passe par l’organisation de rituels qui donnent lieu à des cérémonies ostentatoires et dispendieuses, souvent financées par les migrations. Le faste occasionné, manifeste par le nombre de personnes mobilisées, est source de prestige individuel tandis que la circulation des dons, conçus comme le remboursement d’une dette originelle, rend possible la reproduction de la communauté. / Based on three years of ethnographic research in a Samarkand neighborhood, this study explores the grounds for and the use of the sense of belonging to a local community. Indeed, since the collapse of the Soviet Union, independent Uzbekistan founds its legitimacy on the assertion of a particular ethos supposedly embodied in local communities. Yet their centrality seems, at first, weakened by their institutionalization and by the rapid development of international migrations. However, various hypotheses suggest that the feeling of belonging is less grounded in a shared past than in a system of values allegedly expressed in community practices, continuously reactivated through neighborhood and kinship ties. Discourses reveal that participation in these practices is diversely challenged depending on whether they are prescribed by the State or recommended by the community. The emphasis on commensality enables us to perceive the consubstantiality of the members of the community. Moreover, agnatic descent and patrivirilocality strengthen the ideological base of imaginary autochthony. Against this background of strong agnatic ideology, while men and women socialize in separate spheres, cognate ties maintain their significance. Finally, self-accomplishment occurs through the organization of rituals, combined with ostentatious and costly ceremonies, often financed by migrations. The pomp of these ceremonies, manifest through the gathering of many people, is at the root of individual prestige while the flow of gifts, thought of as the repayment of an original debt, enables the reproduction of the community.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA100174 |
Date | 11 December 2015 |
Creators | Marteau d'Autry, Christilla |
Contributors | Paris 10, Caillet, Laurence |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Collection, StillImage |
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