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L'expérience vécue par les adolescents endeuillés en processus de résilience : récits phénoménologiques

Cette thèse vise à comprendre l’expérience vécue par les adolescents endeuillés en processus de résilience. L’intérêt pour cet objet de recherche est né d’une expérience clinique réalisée en unité de soins palliatifs. La rencontre, sur place, d’enfants et d’adolescents endeuillés le plus souvent laissés à eux-mêmes constitue la source d’inspiration même de cette étude dont la visée première consiste à donner parole et voix à l’expérience des jeunes, pour qu’ils contribuent tant à l’élaboration des connaissances dans le domaine, qu’à la transformation des pratiques professionnelles en service social. La recherche propose une description et une interprétation de l’histoire de six jeunes confrontés à la mort d’un parent ou d’un membre de la fratrie, pour tenter de mettre au jour le sens de cette épreuve dans leur vie. Elle s’interroge notamment sur les trajectoires de résilience de ces jeunes qui continuent d’avancer dans leur vie, malgré le désarroi provoqué par le deuil. Ainsi, au-delà de la description de l’expérience vécue par les adolescents endeuillés, la thèse se propose d’explorer leurs stratégies d’ajustement et d’identifier les ressources de l’environnement qui ont participé à les soutenir au cours de leur deuil. Elle s’inscrit dans une perspective qualitative et recourt à une méthode biographique d’inspiration phénoménologique. Ainsi, à la lumière des données recueillies lors des rencontres individuelles et des groupes de discussion, des récits phénoménologiques ont été rédigés avec les jeunes, et ont donné lieu à une première articulation des éléments du discours et du matériel écrit et visuel constitutifs de l’histoire de chacun. C’est donc au moyen du récit, activité réflexive et interprétative exemplaire en contexte d’intersubjectivité, que la compréhension de l’expérience a pu s’affiner au fil du temps. À l’évidence, se dégagent des récits et de leur interprétation des dimensions à la fois singulières et communes. Pour mieux appréhender son expérience, chaque jeune opère d’abord un retour sur le contexte de la mort de son proche. C’est notamment dans les premières réactions relatées qu’on observe des constantes : choc, incompréhension, refus, culpabilité et appréhension face à l’avenir. Les jeunes rapportent également de nombreuses stratégies d’ajustement, reliées tantôt à la perte de l’être cher, tantôt à la reconstruction de leur vie, pôles opposés de leur deuil entre lesquels ils n’ont de cesse d’osciller. En ce sens, l’interprétation des récits fait alterner stratégies de mise à distance, d’apaisement, et enfin d’intégration. Les jeunes reviennent de plus sur la famille, les amis, l’école et autres ressources professionnelles qui ont fortifié leur traversée, tout comme ils énoncent avec une remarquable transparence les écueils qui ont pu s’y dresser. On peut penser ici à certaines relations nocives où s’est exercée de l’intimidation en rapport avec le deuil. Ils savent également formuler leurs attentes à l’égard des ressources qui les entourent, par exemple une présence constante de la part des amis, des gestes de générosité ou encore la nécessité d’une formation spécialisée sur le deuil pour les intervenants scolaires ou des milieux cliniques. Enfin, c’est grâce aux stratégies mises en place et aux ressources qui les soutiennent que les jeunes parviennent à apprivoiser cette vie désormais autre en même temps que leur propre vulnérabilité, puis à s’engager dans de nouvelles voies pour se réaliser autrement, se redresser, se réinventer, et ainsi en arriver à faire de l’épreuve une expérience véritablement transformatrice. Leur parole, pour notre plus grand bénéfice, ouvre à la fois sur des modalités de soutien pour les jeunes confrontés au deuil et leurs proches, et sur des pistes d’intervention concrètes, propices à renouveler la vision du phénomène. / This thesis aims to understand the experience of bereaved teenagers who are in a resilience process. Interest for the animating question of this research was born out of a clinical experiment conducted in a palliative care unit. The on-site meeting of children and adolescents who were more often than not left to cope by themselves was the most important inspiration for this study, whose main objective is to give voice to the experience of youth in order for them to contribute as much in the elaboration of knowledge in the field, as in the transformation of professional social work practices. The study presents a description and interpretation of the story of six youth, each facing the death of a parent or a sibling, in an attempt to uncover the meaning of this experience in their lives. It examines the resilience trajectories of these youth, who continue to move forward with their lives despite the distress brought on by loss. Beyond looking at the experience of bereaved teenagers, the thesis proposes to explore their coping strategies and to identify the resources in their environment that contributed in supporting them during their grief. Using a qualitative perspective, it makes use of a biographical method inspired by the phenomenological approach. In light of the evidence gathered during individual interviews and group discussions, phenomenological self-narratives were written with the youth, giving shape to an initial formulation of the speech elements and both written and visual content constituting each individual narrative. It is thus with the narrative, an exemplary reflexive and interpretive activity in the context of intersubjectivity, that comprehension of the experience was refined over time. Evidence of both singular and common dimensions emerge from the narratives and their interpretation. To better understand his or her experience, each youth begins by reflecting on the context of the death of his/her family member. Constants are observed, notably in initial reactions: chock, disbelief, denial, guilt, and apprehension for the future. Youth also enumerate coping strategies, related sometimes to the loss of the loved one and sometimes to reconstructing their lives, opposite poles of their grief between which they constantly vacillate. In that respect, the narrative interpretation alternates distancing, calming, and finally, integration strategies. Youth also mention family, friends, school and professional resources that strengthened their journey, while also describing with remarkable openness, the obstacles that might have appeared. Examples of these include some harmful relationships where intimidation occurred with respect to the bereavement. Youth also know how to express their expectations of the resources around them, for example: a constant presence from their friends, generous gestures, or the need for specialized bereavement training for educational stakeholders or in clinical environments. Lastly, it is because of the strategies put in place and of the resources that support them that youth learn to get used to their new life as well as to their own vulnerability, and then engage in new paths, finding different ways of fulfilling themselves, recovering and reinventing themselves, thus being able to make the hardship a truly transformative experience. Their voice, to our greater benefit, leads to support strategies for youth and their loved ones suffering bereavement, and to tangible intervention possibilities, conducive to renewing perspective on the phenomenon.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/29985
Date07 June 2018
CreatorsBélanger, Eve
ContributorsTurcotte, Pierre
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typethèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat
Format1 ressource en ligne (xvi, 312 pages), application/pdf
CoverageQuébec (Province)
Rightshttp://purl.org/coar/access_right/c_abf2

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