Cette recherche vise à élaborer un modèle d'analyse des articulations complexes entre changements technico-organisationnels et évolutions des mondes sociaux du travail. C'est dire qu'elle n'envisage pas la technologie comme une réalité autonome ayant des impacts sur les organisations, mais que sa conception et son introduction résultent des choix managériaux autant que les contraintes de sa mise en œuvre influencent les différentes dimensions de l'activité professionnelle. Pour développer ce modèle d'analyse, l'auteur emprunte à M. Lallement le concept de travail institution, au sens durkheimien du terme, et entreprend de rendre opérationnelles les quatre fonctions qui lui sont associées. Ainsi, à la fonction d'intégration, l'on associe la dynamique des capacités à élaborer et à s'inscrire dans des collectifs. A la fonction de codification, l'auteur fait correspondre la dynamique des capacités d'apprentissage collectif. A la fonction d'émancipation, est associée la dynamique des capacités d'agir de façon autonome ou indépendante. Et enfin, à la fonction de régulation, l'auteur fait correspondre la dynamique des capacités à exercer des rapports de domination dans les milieux organisés. Ces quatre axes dynamiques, construits au moyen d'une analyse critique de la littérature en sociologie générale et sociologie du travail, sont structurés autour de moments-types, définis de façon opérationnelle et permettant de décrire la complexité des mondes sociaux du travail. Ainsi, la dynamique des capacités d'intégration propose de classer les modes d'association depuis la déliaison jusqu'à la communauté de professionnels, en passant par différents types de collectifs réticulaires. La dynamique des capacités d'émancipation distribue les capacités d'agir depuis la dépendance jusqu'à l'indépendance, en passant par la résignation et l'autonomie. La dynamique de codification peut prendre différentes formes entre l'apprentissage collectif et le désapprentissage individuel. Quant à la dynamique de régulation, elle résulte de ces trois dynamiques, tout en permettant à certains acteurs collectifs d'agir sur elles : c'est le contrôle du changement permanent comme mode d'institution. La robustesse de ce modèle est ensuite testée sur quatre ensembles de configurations empiriques (enseignement/formation, cadres télétravaillant, ingénieurs hospitaliers gérant le plateau technique hospitalier et téléopérateurs aveugles). Enfin, les résultats produits par la mise en œuvre systématique de ces quatre axes d'analyse peuvent partiellement nous éclairer sur le sens des transformations contemporaines du travail institution. Il semble que, sur une période longue (dix ans et plus), l'accumulation des volontés de changer la technique et l'organisation se traduise par un renforcement du maintien dans les positions extrêmes (exclusion, instauration), accompagné d'une fluidité accrue de la mobilité entre auxiliariat et assujettissement. L'auteur parle alors de polarisation. Ce qui semble spécifique à la période contemporaine réside dans la capacité accrue d'une élite à contrôler la production du changement technique et organisationnel, selon un cercle apparemment vertueux pour elle
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00455256 |
Date | 10 December 2007 |
Creators | Metzger, Jean-Luc |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | habilitation ࠤiriger des recherches |
Page generated in 0.0078 seconds