Depuis le boom pétrolier (tafra) des années 1970 et l’émergence des Etats rentiers, l’institution de la famille a connu d’importants changements dans les pays du Golfe, notamment à Oman et au Koweït. En particulier, le mariage et la procréation, deux événements clés qui servent à reproduire la famille, ont été affectés. Le « modèle de nuptialité traditionnel » longtemps caractérisé par un mariage précoce et universel, un écart d’âge important entre époux et la polygamie semble aujourd’hui remis en cause par l’enrichissement matériel, l’éducation de masse, l’urbanisation et les progrès sanitaires. En plus d’une transition de la nuptialité, on observe une transition de la fécondité dans les deux pays. Cependant, l’application des hypothèses de la théorie de la modernisation dans la casuistique des pays pétroliers produit des schémas démographiques atypiques : le maintien du mariage consanguin, l’émergence de nouvelles formes « non conventionnelles » de polygamie, la hausse du douaire, une fécondité toujours élevée, des choix matrimoniaux toujours déterminés par la famille et l’Etat, etc. Ces schémas obligent à repenser les schémas linéaires et déterministes des théories de la modernisation toujours utilisées en démographie, et à saisir les dynamiques adaptatives de la famille face au paradigme moderne. Intégrer la dimension politique permettra de comprendre certains de ces paradoxes. Bien que l’Etat ait incité à la modernisation des comportements démographiques, il semble avoir favorisé sur un autre front des pratiques matrimoniales et procréatives traditionnelles dans le but de consolider l’identité nationale. Les Etats rentiers ont pu, à travers le déploiement de moyens matériels et idéologiques transmettre des idéaux natalistes et prolonger le patriarcat. A travers les entretiens semi-directifs menés à Oman et au Koweït avec plusieurs générations, cette étude cherchera à situer les comportements dans un contexte économique, culturel et politique déterminé. / Since the oil boom and the emergence of rentier states, Gulf families have undergone tremendous changes, notably in Oman and in Kuwait. Particularly, marriage and procreation which represent two major events for reproducing the family, have been transformed. The traditional nuptiality model, characterized by early and universal marriage, age difference between spouses and polygamy seems today questioned by the material affluence, mass education, urbanization and health advances. In addition to a nuptiality transition, a fertility transition has been also observed. However, the application of modernization theory hypothesis in the cases of oil countries produces atypical demographical patterns: preservation of consanguineous marriage, new forms of “non conventional” polygamy, preservation of still high fertility rate, soaring bride prices, matrimonial choices still dictated by family and state. These patterns oblige us to reconsider the linear an determinist patterns of the modernization theory which is still used in demography; as to better understand the adaptive dynamics of the family in front of the modern paradigm. The introduction of the political dimension helps us understand some of these paradoxes. Although the state has encouraged the modernization of demographic behavior, it has in another side favored traditional practices related to marriage and procreation, in the aim of consolidating the national identity. The rentier states, through material an ideological means, could have enhanced natalist ideals and reinforce patriarchy. Through semi directives interviews conducted in Oman and Kuwait with different generations, this study seeks to situate the behaviors in a political, cultural and economic context.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015IEPP0010 |
Date | 04 May 2015 |
Creators | Safar, Jihan |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Fargues, Philippe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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