L'histoire récente de l'humanité est marquée par des violences organisées sur le territoire du Rwanda, allant jusqu'au génocide en 1994, qui ont laissé des inscriptions profondes dans les trajectoires individuelles, familiales et sociales. Afin de rendre compte de l'expérience de violence et de ses conséquences, la psychologie clinique a souvent recours au concept de traumatisme. De nombreuses recherches abordent sa transmission et ses effets chez les descendants. Cette étude qualitative a pour objectif d'explorer la perspective des parents. Menée auprès de participants d'origine rwandaise habitant la région de Québec, nous explorons leur représentation de leur vécu du génocide et de la transmission intergénérationnelle de celui-ci. Nous avons réalisé 15 entretiens semidirectifs et des analyses thématiques des verbatims. L'articulation entre histoire individuelle et histoire collective apparaît comme centrale dans l'expression du vécu affectif et relationnel. Les événements du génocide sont associés à une souffrance, mais aussi à une source de savoir. Les participants évoquent un changement de la représentation de « l'autre », comme une figure désormais capable de violence extrême et d'indifférence. Associés à un sentiment d'étrangeté, le génocide et ses effets sont et relèvent de l'indicible. Pour tenter de les nommer, les participants se tournent vers la langue du kinyarwanda. L'acte de transmission, et de la « non-transmission », détiennent une importance particulière pour les « parents-rescapés », liée à la nécessité de retisser trois types de continuités (narcissique, de filiation et d'affiliation) menacées par le génocide. Les mécanismes de transmission intergénérationnelle respectent les règles culturelles et sont guidés par la position du parenttémoin et sa capacité de mentalisation. Le silence contribue à la reconstruction et à la transmission des codes de conduite et des interdits. Les objets de la transmission se réfèrent à l'imaginaire culturel, notamment à la place de l'ancêtre, aux rituels de mort et au code de vengeance et d'honneur. / The recent history of humanity is marked by organized violence in the territory of Rwanda which has reached the extent of genocide in 1994. These events have left deep impacts in the trajectories of individuals, families and society as a whole. In order to approach the experience of violence and its consequences, the concept of trauma is often used in clinical psychology. Several research studies show its intergenerational effects and transmission based on data collected from offspring’s perspective. This qualitative study aims to explore the parental perspective. We explore the representation of genocide experiences and intergenerational transmission in Rwandan parents living in the region of Quebec. Semi-structured interviews were conducted with 15 parents and the verbatim reports were analyzed. The link between individual history and collective history is central to the expression of emotional and relational experiences. The events of the genocide are represented as a source of suffering but also as a source of knowledge. There is a major change in the representation of the "other" that has become a figure capable of extreme violence and indifference. The genocide and its effects are referred to as unspeakable and associated with a feeling of strangeness. Kinyarwanda language is used by the participants in an attempt to name the genocide and its effects. The act of transmission, as well as the act of "non-transmission", are particularly important for "parents-survivors" who search to maintain continuity on three levels (narcissistic, filiation and affiliation) that have been threatened by the genocide. Intergenerational transmission mechanisms are guided by cultural rules, the parent-witness' position and their capacity of mentalization. Silence helps to restore and transmit codes of conduct and prohibition. The objects of transmission are linked to the cultural imaginary, especially through the position of the ancestor, rituals of death and the code of revenge and honor.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/31906 |
Date | 25 October 2018 |
Creators | Ošlejšková, Eva |
Contributors | Leanza, Yvan |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 1 ressource en ligne (xii, 179 pages), application/pdf |
Coverage | Rwanda, Canada, 1994 (Guerre civile) |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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