Ce travail de recherche s'inscrit dans le grand champ de l'histoire culturelle et conduit à revenir sur plusieurs concepts et notions tels que culture, mémoire, commémoration, patrimoine, tradition orale, rapport religions/traditions, civilisation et identité dans une perspective qui part de l'Afrique. C'est aussi, une recherche qui propose un regard comparatif et des analyses croisées sur deux pays que sont le Sénégal et la Gambie. Cependant, ont été plus prises en compte les actions particulières pour chaque espace politique, entreprises par des institutions distinctes et régies par des cadres législatifs et réglementaires spécifiques. C'est particulièrement évident lorsque qu'il s'est agit d'analyser la presse et l'univers scolaire. Régionalement, mais aussi par ses ambitions interafricaines et internationales, le Sénégal pèse lourd sur la Gambie, cherche à faire déborder sur ce pays voisin, les actions qu'il pose à titre d'État. Mais, le travail permet de voir à quel point la patrimonialisation de la traite atlantique, les formes que prend sa commémoration, sa place dans l'enseignement, sont au coeur des politiques des États. Elles affectent également la cohésion sociale, la paix civile et, peut-être surtout, l'identité culturelle dans une perspective réunissant la diaspora transatlantique. Et comme cela sera démontré, entre les deux pays, il y a plus de différences que de similitudes dans le rapport histoire/mémoire. L'unité régionale à l'époque de la traite atlantique semble avoir été décomposée, au moins aux niveaux institutionnels et de la vie publique « moderne », par les gestes posés d'abord par les puissances colonisatrices, puis par les nouveaux États. Ainsi, par le titre actuel, l'accent est mis sur la continuité de l'unité régionale ancienne. La réponse à ce préalable est présentée en trois parties dans cette réflexion après avoir en introduction dévoilé la démarche en soulignant dans un premier temps, que réécrire l'histoire imposait de mettre en place un ensemble d'outils archivistiques et universitaires. Mais les sources écrites n'offrent des fonds que sur les XIXe et XXe siècles, ce qui obligeait d'avoir recours aux sources dites orales pour étudier l'impact de l'économie atlantique sur les sociétés sénégambiennes ou l'histoire des communautés ethniques entre autres. En outre, les travaux scientifiques de l'Institut Français (Fondamental) d'Afrique Noire (IFAN) portent par exemple sur l'organisation politique, économique et sociale. Mais pour atteindre les valeurs traditionnelles, les archives orales collectées permettent notamment de saisir l'organisation fonctionnelle de ces sociétés précoloniales en orientant les recherches sur la place de l'islam dans la genèse des systèmes politiques de la Sénégambie ancienne. Les chercheurs en sciences humaines se retrouvent pour exploiter ces matériaux autour de deux thématiques majeurs celles des castes et du mode de production asiatique ou africain. À partir des apports très importants issus du travail sur la question, la thèse a essayé d'enrichir de manière très originale la réflexion relative à la problématique des traits fondamentaux des expériences historiques des sociétés sénégambiennes à partir d'une période antéislamique et avant le contact avec le monde atlantique. Dans la dialectique Histoire/culture, le travail aborde en deuxième partie la question relative à la transmission du savoir historique en relation avec les politiques culturelles et commémoratives de l'esclavage. La généalogie de la mise en place du nouveau système éducatif des deux pays ainsi que des programmes pédagogiques a été abordée. Il s'agit pour les deux États, d'envisager la formation des citoyens sénégambiens, même si tous ne bénéficient pas du même enseignement de l'histoire. Pour les élites sénégambiennes, il s'agit d'aider les sénégambiens à entrer dans le monde moderne en transformant l'environnement façonné par un long passé colonial, en s'en libérant sans l'oublier. Or, pour se projeter dans le monde moderne, la politique culturelle préconisée met l'accent sur le retour aux traditions, facteur d'enracinement et d'identité et d'affirmation de la civilisation africaine, que la traite avait voulu nier. Sont donc examinées conséquemment les politiques de sauvegarde du patrimoine tangible et intangible qui ont été menées afin de constituer un héritage culturel pour les descendants des anciens esclaves à la recherche de leurs racines africaines. Enfin, en tenant compte des enjeux actuels liés à la commémoration et qui portent sur les problématiques relatives aux réparations, un intérêt a été porté sur les supports journalistiques qui médiatisent ces sujets. Ainsi, est-il question dans nos dernières analyses d'examiner les rapports entre la presse et les événements relatifs à la mémoire de l'esclavage en Sénégambie.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/22420 |
Date | 17 April 2018 |
Creators | Bassène, Pape Chérif Bertrand |
Contributors | Jewsiewicki, Bogumil |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 3 v., application/pdf, application/pdf, application/pdf |
Coverage | Sénégambie |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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