Cette thèse porte sur la question de la migration irrégulière. Plus précisément, elle porte sur la protection des droits des migrants en situation irrégulière dans le contexte européen de sécurisation de la migration. Cette thèse vise à répondre à l'absence d'interrogation sur la protection des migrants vulnérables en situation irrégulière dans les disciplines sociales, notamment en Relations Internationales. L'argument est basé sur la littérature en sécurité critique traitant de la décriminalisation du migrant en situation irrégulière et visant le dévoilement de l’artificialité de toute exclusion politique. Cette thèse s’ancre aussi dans la littérature des mouvements sociaux se concentrant sur l’accès des migrants en situation irrégulière aux droits sociaux et politiques des pays occidentaux. Elle est aussi inspirée par le corpus de littérature traitant des questions de la citoyenneté, de l’identité politique et de l’inclusion politique.
Au plan empirique, cette thèse repose sur une analyse systématique du discours de plusieurs ONG humanitaires françaises, italiennes et espagnoles. L'analyse entend distribuer plus de 200 documents sur un axe allant de la dépolitisation, comprise comme l’exclusion du corps politique des migrants en situation irrégulière, vers la répolitisation, comprise comme l’inclusion politique des migrants concernés.
À l'aide de cette grille d'analyse, cette thèse tentera de mettre en lumière une nouvelle façon d’argumenter la protection. La protection des droits des migrants en situation irrégulière peut se réaliser non seulement à travers le processus traditionnel d'octroi et de reconnaissance des droits par l'État du haut vers le bas mais, de plus en plus souvent et avec une assez grande efficacité, du bas vers le haut, en ayant comme point de départ le migrant lui-même et la société civile qui l’appuie dans ses revendications par rapport à l'État. Cette thèse argumente ainsi l'importance de mettre l'accent sur la politique de la protection, les jeux de pouvoir, les négociations entre plusieurs acteurs qui font et défont la protection l’inclusion et l’exclusion politique du migrant en situation irrégulière, le tout étant conçu comme processus de politisation-dépolitisation. Cette thèse affirme que toute décision juridique est avant tout une négociation politique qui doit impliquer une multitude d'acteurs et non seulement les États.
Une plus grande importance devrait être accordée aux acteurs de la société civile et à l'individu lui-même concerné par l'exclusion, une meilleure crédibilité et une meilleure place dans la politique de la protection. Cette recherche affirme aussi que, dans ce contexte, l'humanitaire voit son intervention réformée, il devient un humanitaire politisé, activement engagé dans la protection des droits et par conséquent, dans la politisation du migrant en situation irrégulière. De là, toute l'importance de mettre en évidence l'existence de ce mouvement de protection sur la place publique, orchestré par l'humanitaire, et de voir par quels discours, par quelles stratégies et vers quels buts cette mobilisation de l'humanitaire se réalise.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/30294 |
Date | January 2013 |
Creators | Asavei, Lavinia |
Contributors | Paterson, Matthew |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
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