Les spectacles ethnologiques victoriens mettent en scène des milliers de colonisés dans des zoos, cabarets, appartements privés et institutions scientifiques. Cette thèse se penche sur deux spectacles sud-Africains en particulier : les « Zulu Kafirs » et les « Earthmen », montés à Londres dans les années 1850. Prenant pour point de départ « The Noble Savage » de Charles Dickens, écrit après qu’il a vu les « Zulus », ce travail porte sur le fantasme victorien d’un « muséum humain ». Après une étude des concepts de « race » et de « sauvagerie » aux XVIIIe et XIXe siècles, nous abordons l’évolution des pratiques muséologiques et la fascination de Dickens pour un muséum humain monstrueux. Nous passons ensuite aux spectacles ethnologiques victoriens et au « spécimen » Africain comme « métonyme ethnographique » et mythe, évoluant dans un « fantasme hétérotopique ». Ce fantasme est réalisé dans le Département d’Histoire Naturelle du Palais de Cristal de Sydenham, dans lequel des moulages des « spécimens » sont exposés dans des « théâtres écologiques ». La visite y permet l’exploration sociale et pose le problème d’un cannibalisme moral, quand le colonialisme et l’impérialisme victoriens se heurtent à leurs propres contradictions. Ces dernières sont développées dans Bleak House (1853), où Dickens attaque la « philanthropie télescopique », alors que la « préférence ethnologique » semble aller aux esclaves américains, dont les récits sont publiés et mis en scène. A Tale of Two Cities (1859) pourrait ainsi être lu comme la réalisation de la crainte dickensienne de voir les pauvres s’ensauvager, si les philanthropes persistent à les exclure de leur muséum humain. / Nineteenth-Century ethnological shows involved the display of thousands of colonised people in a variety of urban settings, including zoos, cabarets, private apartments, and scientific institutions. This dissertation focuses on two South African shows in particular: the “Zulu Kafirs” and “Earthmen”, both staged in London in the 1850s. Taking its lead from Charles Dickens’s pamphlet “The Noble Savage”, written after he saw the “Zulus”, this thesis looks at the Victorian fantasy of a “human museum”. Following a historical study of the concepts of “race” and “savagery” in the 18th and 19th centuries, we retrace the evolution of museological practices and look at Dickens’s fascination with a (monstrous) human museum. We then move on to consider Victorian ethnological shows and the African “specimen” as “ethnographical metonym” and myth, displayed in a true “heterotopic fantasy”. This fantasy was realized in the Natural History Department of the Crystal Palace in Sydenham, where casts of the “specimens” on show were arranged in “ecological theatres”. There, the museum visit allowed for social exploration among the visitors, and raised the issue of (moral) cannibalism, at the point at which Victorian capitalism and imperialism met their own contradictions. These are further explored in Bleak House (1853), where Dickens attacks “telescopic philanthropy”, as the “ethnological preference” seemed to go to American slaves, whose narratives were published and staged. In this light, we might read A Tale of Two Cities (1859) as the realisation of the writer’s fear that the Poor might revert to a state of “primitive” savagery, if they remain overlooked in the philanthropists’ human museum.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014TOU20038 |
Date | 12 September 2014 |
Creators | Robles, Fanny |
Contributors | Toulouse 2, Fioupou, Christiane, Talairach-Vielmas, Laurence |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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