Le scandale a mauvaise presse. Celui par qui il arrive est humilié puis raillé. Il est une forme de divertissement que certains jugent indigne. Pourtant, il s’avère être une formidable voie d’entrée pour qui tente de comprendre les États-Unis. Par cette monstrueuse transgression, le refoulé fait son retour. Ainsi, analyser le scandale, c’est envisager l’Amérique comme une nation hantée par le puritanisme. Cette pierre d’achoppement qu’est le scandale peut être la pierre angulaire d’une nouvelle construction théorique : un mélange d’anthropologie, de sociologie et de psychanalyse pour débusquer la part d’Ombre d’une Amérique étrangère à elle-même. Voilà pourquoi, paradoxalement, un roman se trouve au cœur de ce travail de recherche de civilisation américaine. Un roman lapsus échappé dans les années cinquante : Peyton Place. Plus qu’une étude de cas, son analyse illumine le concept-même du scandale aux États-Unis. Le destin de son auteur, pharmakos moderne et celui de l’œuvre elle-même illustrent les différents mécanismes de la machine infernale du scandale. Traité de scandalogie ironique, grotesque, kitsch et camp, Peyton Place est une manne pour le scandalologue. Mis en regard avec The Awakening de Kate Chopin, ce roman, vilipendé par la critique et ignoré par la recherche universitaire, met également en scène la féminité du scandale. Les deux œuvres féminisaient l’Amérique, ancrant leur narration transgressive dans une maternité teintée de primitivisme, annonçant ainsi une nouvelle ère où la sexualité serait plus libre. La scandalogie, elle aussi, est pionnière. Elle appelle à l’exhumation d’œuvres oubliées, raillées ou calomniées pour un nouveau canon américain. Peyton Place n’était pas qu’une « gifle au bon goût public », il émasculait l’Amérique. Plus encore, il déchirait le tissu mythique de la nation. Le scandalologue, forcément mythologue, n’est donc pas voyeur : il est visionnaire. / Scandal is tabloid fodder. Those who have fallen from grace are mocked and humiliated and most people think scandal is but a trivial matter. The shocking, disgraceful deeds and affairs of idols have long become part of the entertainment industry. However, scandal and gossip are two different things and the former can help us delve into the American psyche. Scandal is enlightening in more ways than one. It dramatically calls attention to collective fears that have repressed and preserved in the unconscious. Scandal, making them reappear, helps us probe the nation’s unfathomable depths: America is a mansion haunted by Puritanism, as it were. Scandal is a stumbling block but it can also be the corner stone of a new theoretical approach rooted in anthropology, sociology and psychoanalysis to shed light on the black, dense Shadow of America. Peyton Place is a Freudian slip of a novel that shocked the not so Placid Fifties and actually illuminates the whole concept of scandal. Because Grace Metalious was treated like a modern-day pharmakos, her fate illustrates the mechanism of that infernal machine scandal is. Peyton Place is kitsch, camp, ironic and grotesque but it is above all a treatise on scandal. Just like Kate Chopin’s The Awakening, Peyton Place feminized nature, rooting its narrative into primeval matriarchy and heralding a new era of free-flowing sexuality. Peyton Place was more than a slap in the face of public taste; it was a kick in the groin of the American male. More than that, it shred America’s mythical fabric of lies into pieces. A scandalogist is no Peeping Tom, then: he is a visionary.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA040120 |
Date | 03 December 2011 |
Creators | Chevalier, Eddy |
Contributors | Paris 4, Frayssé, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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