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Discours sociaux institutionnels sur la paternité actuelle : analyse épistémologique et espace référentiel

Cette thèse effectue une analyse exploratoire de l'univers discursif entourant la paternité actuelle depuis les années 1970, traduit en termes « d’engagement paternel » ou plus banalement de « nouvelle paternité ». La mise en débat de la paternité actuelle et sa sémantique - entre positions qui attestent ou contestent l'avènement de la « nouvelle paternité » - se situe au-delà de la nature ou du degré des transformations qu'on lui impute : c'est sa déclinaison positive qui est discutée socialement. Celle-ci éclaire l'appréciation sociale des catégories sexuées quant à ce qui est observé; compris par tous, voire souhaité relativement à l'exercice de la paternité.
En examinant la sémantique sociale du phénomène sociologique des « nouveaux pères » sous le prisme de sa connotation positive - objet d'investigation de la thèse -, nous rejoignons la réflexion à l'origine de la thèse, soit la compréhension sociologique du statut de « majoritaire symbolique » qui renvoie à une norme idéalisée des manières d'être socialement (Guillaumin, 1972; Pietrantonio, 1999). Ce statut de « majoritaire symbolique » a fait l'objet de peu d'études. À travers ce dernier, nous soumettons à l'éclairage des rapports sociaux la mise en débat de la paternité actuelle de manière inédite. Le rapport de sexage, d'abord conceptualisé par Guillaumin ([1978] 1992), constitue l'ancrage théorique principal de notre thèse, s'inscrivant dans une perspective féministe matérialiste. Cette approche autorise l'analyse des enjeux relatifs aux rapports entre les hommes et les femmes en termes de classes de sexe et par la division sexuelle du travail (Kergoat, [2000] 2007; 2011).
Le terrain retenu pour cette analyse exploratoire est celui du discours institutionnel (scientifique et politique) sur la paternité actuelle. Nos résultats d'analyse cernent l'espace référentiel de la paternité actuelle, lequel est limitatif. Il n'y a pas de positions contrastées à l'égard de « l'engagement des pères », souhaité par l'ensemble des termes du débat. Ce caractère limitatif se comprend à la lumière du « majoritaire symbolique » de la paternité actuelle, qui est celui de la « masculinité ». Celle-ci se saisit dans son lien au fil diachronique que nous avons identifié (passé; présent; futur) et par l'entrelacement des trois facettes du majoritaire : concret, institutionnel et symbolique. Nos résultats d’analyse ont également une portée méthodologique. Nous avons forgé ou affiné des notions (« jeu de statuts »; « surindividuation »; « agentivité dématérialisée »), qui permettent la saisie des usages dissymétriques des statuts sociaux selon les rapports de pouvoir et les sphères de travail convoqués, au plus proche des normes d'appréciation sociale de la paternité actuelle. Dotée du cumul des statuts sociaux valorisés à travers le fil diachronique de la paternité, la classe des hommes est la seule qui est l'objet d’attentes sociales. Ces attentes évoquent un projet politique : réformation des institutions; « production » d'une égalité potentielle entre classes de sexe. Par contraste, les pratiques émancipatoires des femmes (leur émancipation sociale et politique, leur entrée sur le marché du travail rémunéré) sont décrites comme reléguées au passé. L'enjeu idéel du potentiel émancipatoire de la division sexuelle du travail dans cet univers sémantique maintient la hiérarchisation des pratiques sexuées, puisque les pratiques de la classe de sexe des femmes sont délestées de toute dimension idéelle, au contraire de celles de la classe des hommes. Cela nous amène à proposer un lien entre la conceptualisation du « travail » et le majoritaire symbolique.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/44591
Date03 February 2023
CreatorsBouthillier, Geneviève
ContributorsPietrantonio, Linda
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis
Formatapplication/pdf

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