Les Soninkés sont originaires d'une région à la triple frontière entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Leur présence en France a été étudiée sous l'angle de la migration de travail, mais pas sous celui des pratiques culturelles et artistiques. Ma thèse vient questionner cette dimension inaperçue. L’enquête ethnographique commence dans les chambres standardisées d’un foyer de travailleurs migrants, lieu d’hébergement pour hommes. J’étudie d’abord de quelle manière les habitants du foyer manipulent l’espace sonore du bâtiment pour se l’approprier. Les musiques qu’ils écoutent et les vidéos de fêtes qu’ils regardent depuis leur smartphone signalent de nombreux lieux en Ile-de-France et en Afrique de l’Ouest autour desquels s’organise la diaspora soninkée. Afin de parcourir ces lieux comme ethnographe, j’intègre la troupe de danse Xhambane Kaffo, basée à Sarcelles. A la suite des danseuses et musiciens rencontrés dans la troupe, je me rends dans les salles des fêtes privées, les espaces culturels municipaux, les théâtres, où ils animent autant de mariages, de journées culturelles, de fêtes associatives ou d’élections de miss. Je me rends également à Bakel, au Sénégal, à rebours du parcours migratoire du directeur de la troupe, ainsi que dans la région du Guidimakha, en Mauritanie, auprès des familles des habitants du foyer. En prenant la musique en filature, ces déplacements me permettent d’étudier comment des hommes catégorisés comme migrants s’inscrivent dans des réseaux à la fois interpersonnels et transnationaux. Ni en France ni en Afrique de l’Ouest, la diaspora à laquelle ils participent n’a de lieu dédié, tel que le serait un centre culturel, mais elle est bel et bien située. / The Soninkes come from a borderland between Mali, Mauritania and Senegal. Their presence in France has been studied in terms of labour migration, but not as a cultural and artistic diaspora. My work concentrates on this unnoticed social dimension. The ethnographic survey begins in the standardised rooms of a Parisan shelter for migrant workers. First of all, I study how the shelter’s inhabitants, only men, shape their living space through sound. They live in confined spaces but the music they listen to and the videos they look at on their smartphones refer to a plethora of spaces in the Paris region and in West Africa. To explore these communities, I join a Soninké dance troupe called Xhambane Kaffo (We are all united in the same language) located in Sarcelles, a short drive north of Paris. Following the dancers and the musicians of this troupe, I go to reception halls, to municipal spaces, to theatres where they lead wedding parties, cultural days, association meetings and elections of diaspora queens. The survey moves then to West Africa : first to Dakar and Bakel, Senegal, following the artistic journey of the Xhambane Kaffo’s troupe director ; then to Mauritania, to meet the families of the Parisian migrant workers. Moving from one point to another allowed me to show how these men, categorized as migrants and single, sit within both a transnational and interpersonal social network. My work argues that if some cultural and artistic practices, such as the Soninkés’ diasporic encounters, are categorized as « invisible » in the urban area, it is because they are seen through a sedentary vision of space.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018PSLEH106 |
Date | 25 October 2018 |
Creators | Clouet, Claire |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Laborde, Denis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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