Ce mémoire interroge la présence de Spinoza dans la production littéraire de Clarice Lispector. La philosophie spinoziste, que la jeune écrivaine a étudiée avant même de composer son premier roman, Près du cœur sauvage (1943), a profondément marqué sa pratique littéraire ainsi que ses préoccupations existentielles. Dans le cadre d’une réflexion sur la présence explicite et implicite de la pensée spinoziste dans ses écrits, ce mémoire porte plus précisément sur les manifestations de la nature dans l’œuvre de Lispector. Parmi les nombreuses assertions fracassantes de L’Éthique, la plus marquante est sans doute celle où Spinoza affirme que Dieu est immanent à la nature, d'après la célèbre formule « Deus, sive Natura », qui suggère que les deux termes sont interchangeables. Ce mémoire examine les articulations de cette idée dans l’écriture de Lispector. La première moitié du mémoire s’attache à montrer que la présence de la philosophie spinoziste dans l’œuvre de l’écrivaine va bien au-delà de l’intertextualité ou de la simple reprise conceptuelle. Elle prend la forme d’une quête d’écriture, qui questionne la possibilité d’exprimer cette vision « spinoziste » de la nature : comment écrire la fusion entre l'esprit humain et la nature dont il fait partie, quand le langage suppose une division entre soi et le monde, une séparation entre sujet et objet ? La seconde partie du mémoire s’intéresse au rôle du langage et aux diverses stratégies d’écriture employées par Lispector dans ses récits et nouvelles. Une analyse des différents procédés littéraires au moyen desquels l’écrivaine met en scène le rapport de l’esprit humain à la nature souligne l’importance de la littérature comme modalité de la pensée. / This study questions the presence of Spinoza in the literary work of Clarice Lispector. Spinoza’s philosophy, which the young writer studied even before composing her first novel, Near the Wild Heart (1943), permeated her literary practice as well as her existential concerns. As a reflection on the explicit and implicit presence of Spinozism in her writings, this study focuses more specifically on the manifestations of nature in Lispector’s literary work. Among the many groundbreaking assertions of the author of The Ethics, the most striking deals with Spinoza’s assertion that God is immanent in nature, according to the famous "Deus, sive Natura", a formula suggesting that the two terms are interchangeable. The first half of the thesis aims to show that the presence of Spinozist philosophy in the work of the writer goes well beyond mere intertextuality or conceptual repetition, but questions the possibility of expressing this "Spinozist" vision of nature in language: how does one write the fusion between human mind and nature, of which it is a part, when language presupposes a division between the self and the world, a separation between subject and object? The second half examines the place of language in the expression of this vision and the various writing strategies used in Lispector’s short stories and novels. An analysis of the different literary processes by means of which the writer stages the relationship between the human mind and nature underscores the importance of literature as a modality of thought.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27458 |
Date | 12 1900 |
Creators | Visser, Marius |
Contributors | Cochran, Terry |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0023 seconds