Au sein de la Sibérie Orientale, l'origine des Yakoutes reste une énigme qui demeure non résolue par les études classiques. Les Yakoutes représentent en effet le seul peuple d'éleveurs de bétail et de chevaux au sein d'un ensemble de populations composé de chasseurs et d'éleveurs de rennes. Leur langue, mélange de mots d'origine turque et mongole, ainsi que leurs pratiques culturelles accentuent encore ce contraste avec les populations alentour. <br />L'analyse moléculaire de spécimens yakoutes anciens apparaissait comme bien adaptée à l'étude de la formation de ce peuple. En effet, l'évolution récente des techniques de biologie moléculaire rend aujourd'hui possible l'analyse génétique des populations du passé et les conditions environnementales rencontrées en Sibérie Orientale sont particulièrement propices à la conservation des acides nucléiques. <br />L'étude de plus de 60 sujets anciens provenant de Yakoutie Centrale, a permis d'obtenir des résultats originaux concernant, d'une part, l'aspect moléculaire de ce travail et d'autre part, l'ethnogenèse yakoute. Ces résultats ont notamment permis de souligner la très grande qualité des échantillons provenant de Sibérie Orientale. Il a ainsi été possible d'étudier des marqueurs génétiques rarement analysables dans les études d'anthropologie moléculaire, comme les STR autosomaux et du chromosome Y, et d'obtenir des résultats uniques sur des substrats difficiles. Cet ensemble de facteurs a conduit à l'obtention de données dont l'authenticité est manifeste. En outre, le nombre important de sujets étudiés ainsi que la mise en parallèle de nouveaux protocoles sur plusieurs types de prélèvements ont permis d'apporter des informations sur les propriétés de ces différents substrats. <br />La comparaison des résultats collectés pour le chromosome Y et l'ADN mitochondrial des sujets anciens avec les populations voisines mais également du sud de la Sibérie, ont permis de dégager de nouvelles hypothèses concernant les origines des lignées paternelles et maternelles des Yakoutes. L'influence méridionale semble confirmée par notre étude, mais nos résultats mettent également en avant que des contacts anciens, précédant les migrations déjà proposées, ont du se produire entre les peuples nomades des steppes et les populations de Sibérie Orientale. De plus, la population yakoute apparaît extrêmement stable au cours des siècles malgré des changements notables dans les influences culturelles et l'arrivée des colons russes au XVIIIième siècle. Ainsi, certaines lignées masculines, spécifiques à la population yakoute, montrent une pérennité exceptionnelle puisqu'elles se sont maintenues depuis le XVième siècle jusqu'à nos jours, avec des fréquences très importantes.<br />La qualité des données obtenues ainsi que les conclusions qui ont pu être proposées suite à ce travail de recherche confirment à nouveau la pertinence de la mise en œuvre d'un approche moléculaire dans la compréhension de la formation et de l'organisation des populations du passé.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00136132 |
Date | 15 January 2007 |
Creators | Amory, Sylvain |
Publisher | Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0019 seconds