Cette thèse s'articule autour de deux questions. La compréhension que nous avons de la subjectivité épuise-t-elle le sens de l'individualité ? Et si ce n'est pas le cas, se pourrait-il que l'individualité (comprise à partir d'une lecture phénoménologique) soit un élément irréductible, et donc concret, de la pensée qui s'interroge sur les rapports que l'homme entretient avec le monde ? De ces interrogations se dégage un objectif double. Tout en cultivant notre attache particulière à la méthode phénoménologique (celle développée par Edmund Husserl), il s'agit de déterminer si la structure de l'individualité doit être ancrée beaucoup plus profondément au niveau ontique et, ainsi, de voir ce qui la fait être de manière irréductible. Nous pourrions présenter cette recherche comme une incursion au cœur de l'essence (concrète) de l'individualité, ayant pour objectif de dégager une ontologie du monde réel. Ce programme ne peut cependant avoir de sens que sur le fond, pour ainsi dire, de la restauration, qui consiste en un effort de requalification de l'individualité. Pour être crédible, cet effort doit se projeter dans deux directions : d'un côté, il s'agit de rejoindre le problème de la subjectivité ; de l'autre, de s'attacher à relever et à décrire l'essence de l'individualité. Dans le premier cas, la démarche est de nature critique. Dans le second cas, elle prend la forme d'une exploration, d'une recherche du fondement. Sur la question de la subjectivité, la démarche critique consiste essentiellement à mettre en doute la corrélation formalisée entre le moi et le flux de conscience et, ce faisant, la capacité de cette relation de nous informer sur la nature concrète des choses. Nous savons quelle impulsion la psychologie scientifique a donné à cette conception de l'identité du moi, conception en partie reprise par la phénoménologie (husserlienne notamment). C'est en inscrivant la conscience dans une structure stable où les différents vécus pouvaient se présenter comme des entités autonomes et invariables que l'on a pu traduire le réel en décomposant les vécus en représentations. Or comme cette thèse veut le montrer, cette manière (transcendantale) de concevoir notre rapport au monde nous reconduit à un sujet désincarné qui nous dit bien peu de choses sur la nature concrète de l'individualité, pour ne pas dire qu'il la disqualifie. Du moins, il semble que la subjectivité, à qui appartient le flux unitaire de la conscience, obstrue la voie qui conduit aux conditions de possibilité de l'individualité, de ce qui est pourtant senti comme indubitable. Là se situe l'enjeu de cette recherche : reprendre l'étude de la subjectivité afin de relever un fait primitif, un fait qui, s'il peut être amené sous la lumière du jour, doit pouvoir nous révéler un existant qui possède en soi sa raison d'être et le principe de sa propre existence, c'est-dire l'individu.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/18583 |
Date | 11 April 2018 |
Creators | Gagnon, Rémy |
Contributors | Létourneau, Alain, De Koninck, Thomas |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 306 f., application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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