Cette recherche aborde les défis de gouvernance en Guinée, un pays de l'Afrique subsaharienne bénéficiant de l'aide internationale pour réformer son système éducatif. Lors de cette réforme, l'approche préconisée par les grandes institutions économiques mondiales donnera l'occasion aux différents acteurs (traditionnels et non traditionnels) de jouer de nouveaux rôles en éducation. Cette orientation ayant remis en cause les relations de pouvoir établies dans ce secteur où l'État guinéen jouait un rôle de premier plan jusqu'au tournant des années 1990, quelle est aujourd'hui la nature des défis et des enjeux? Une approche qualitative a permis d'explorer cette question et de documenter les expériences vécues par les nombreux acteurs impliqués, selon leurs rôles et leurs niveaux d'intervention. L'exploitation de ces données fait ressortir que : • la réforme de l'éducation de la Guinée a été fortement influencée par les forums internationaux (Jomtien, 1990; Dakar, 2000) et par les bailleurs de fonds par le biais de leurs conditionnantes; • l'approche privilégiée pour la mise en oeuvre de la réforme a été souvent de sous-traiter l'exécution des projets avec des acteurs relais membres de la société civile (des ONG originaires des pays bailleurs de fonds) et des médiateurs locaux; • la présence d'une diversité d'intervenants a posé la problématique du leadership entre les nombreux acteurs dans l'identification des priorités et des stratégies; • l'État a opté pour un accommodement pragmatique pour bénéficier des différents financements. Comme conséquence, rarement dans le secteur de l'éducation des priorités autres que celles soutenues par les bailleurs de fonds ont été réalisées. L'essentiel des investissements sera consacré à l'enseignement élémentaire, dont la croissance rapide se répercute négativement sur les autres ordres d'enseignement. Les indicateurs d'accès ont fortement augmenté à tous les niveaux d'enseignement, mais la qualité reste un problème préoccupant. La réforme fut l'occasion d'expérimenter de nouveaux modes de collaboration et de régulation dans la gouvernance éducative du pays. La discontinuité du pilotage par l'État favorisera la concurrence entre acteurs traditionnels et acteurs relais pour des zones d'intervention éducative. Cette implication de plusieurs intervenants aura pour effets la promotion de stratégies divergentes et la recherche constante de mécanismes de régulation. Des stratégies de régulation changeantes couplées à un État fragile, d'une part, et le conflit d'intérêts entre de nombreux acteurs, d'autre part, ont été des facteurs qui ont permis d'améliorer qualitativement très peu la gouvernance du secteur. L'absence d'une vision systémique dans la formulation des projets sectoriels pendant longtemps, malgré l'avènement du programme sectoriel de l'éducation en 2008, explique les défis et les enjeux actuels auxquels le système fait face, car la transformation de l'éducation exige une vision stratégique et systémique, mais également un travail de développement continu. Si la pertinence du rôle de l'autorité publique en matière d'éducation est ressortie, cette recherche pose le problème de la mise en oeuvre de l'aide publique au développement du secteur de l'éducation des États fragiles en particulier. En Guinée, l'étude démontre que ce secteur exige une nouvelle approche obligeant l'État à jouer un nouveau rôle de régulation. L'enjeu est comment promouvoir une éducation de qualité à l'abri des conflits entre les organisations pourvoyeuses de ressources. Désormais, quels rôles respectifs reviennent aux acteurs traditionnels et aux autres parties prenantes de plus en plus nombreuses clans la réforme de l'éducation?
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/6380 |
Date | January 2012 |
Creators | Barry, Mamadou Billo |
Contributors | Pelletier, Guy |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Mamadou Billo Barry |
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