La littérature sur la relation entre le développement financier et la croissance est très vaste et ancienne. Selon la théorie économique, le développement de l'intermédiation est favorable à la croissance économique car l'activité des banques accroît la mobilisation de l'épargne, améliore l'efficacité de l'allocation des ressources, et stimule l'innovation technologique. Cependant, certaines expériences de politiques visant à libéraliser les systèmes financiers des contraintes qui les empêchent de se développer et de contribuer à la croissance, se sont soldées par des échecs, ce qui a conduit à jeter un certain doute sur la généralité de la relation entre développement financier et développement économique. Ce doute a persisté avec les nombreuses études appliquées. Si la plupart des études (y compris les plus récentes) ont pu mettre en lumière, conformément aux prédictions théoriques, une relation positive entre le développement financier et la croissance (par exemple, Levine, Loayza et Beck, 2000), d'autres études (Andersen et Tarp (2003) par exemple) ont suggéré que la relation entre le développement financier pourrait être moins générale que ne le pense la littérature traditionnelle et ont souligné notamment que les résultats des études économétriques varient en fonction de l'échantillon et de la période considérée.<br />Dans cette thèse, nous nous sommes intéressés aux raisons pouvant expliquer les résultats ambigus des études appliquées sur le lien entre le développement financier et la croissance. En premier lieu, nous considérons que le développement financier risque d'être simultanément une source d'instabilité financière de telle sorte que l'effet bénéfique du développement financier sur la croissance soit amoindri ; il nous paraît donc indispensable de prendre en compte ce lien entre le développement financier et l'instabilité financière pour pouvoir véritablement apprécier la contribution du développement financier à la croissance. En second lieu, nous considérons l'existence d'effets de seuil dans la relation entre le développement financier et la croissance. En effet, il se peut qu'il existe un seuil minimum de développement économique en dessous duquel le développement financier n'a pas d'impact significatif sur la croissance, principalement à cause de la faiblesse de l'épargne et de la rentabilité des investissements. Par ailleurs, étant donné que la littérature économique s'est beaucoup consacrée à la relation entre le développement financier et la croissance, et très peu à la relation entre le développement financier et la réduction de la pauvreté, nous nous sommes également intéressés à l'impact spécifique que le développement financier peut avoir sur la réduction de la pauvreté au-delà de son effet indirect qui passe par la croissance.<br />L'analyse économétrique effectuée sur un panel de pays en développement avec des données quinquennales sur la période 1966-2000 nous a permis de mettre en évidence une relation positive entre le niveau de développement financier et celui de l'instabilité financière ; en particulier, l'instabilité du niveau de développement financier et l'occurrence de crises bancaires s'accroissent avec le développement du système financier. Les résultats montrent également que l'instabilité financière a un effet négatif sur la croissance économique et qu'elle réduit l'impact favorable du développement financier sur la croissance sans toutefois l'annuler. Par ailleurs, il ressort de notre analyse que pour les pays dont le niveau de PIB par tête est inférieur à un seuil de 2560 dollars, le développement financier ne semble pas avoir d'impact significatif sur la croissance. L'existence des effets de seuil et la prise en compte de l'instabilité financière dans la relation entre le développement financier et la croissance constituent des hypothèses complémentaires permettant d'expliquer les résultats ambigus des études appliquées sur le lien entre le développement financier et la croissance. Enfin, notre analyse montre également qu'en plus de son effet à travers la croissance, le développement financier favorise la réduction de la pauvreté principalement grâce à l'effet de conduit du capital de McKinnon (1973), l'accès aux dépôts profitent plus aux pauvres que l'accès aux crédits.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00119136 |
Date | 23 October 2006 |
Creators | Kpodar, Kangni |
Publisher | Université d'Auvergne - Clermont-Ferrand I |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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