La thèse porte sur la chronique, très peu étudiée, du frère dominicain Francesco Pipino (années 1270-après 1328) consignée dans un manuscrit unique conservé à la Biblioteca Estense Universitaria de Modène (ms. lat. 465). Cette longue chronique (cent quatre-vingt-un folios auxquels s’ajoutent un sommaire en six folios) est structurée en trente-et-un livres qui, à trois exceptions près, sont intitulés d’après le nom d’un empereur, de Charlemagne à Albert de Habsbourg. Le premier volume fournit une analyse en trois parties des derniers livres de la chronique (XXVII à XXXI) qui concernent les années 1250-1320 environ. Le second volume de la thèse regroupe les sources, la bibliographie et les annexes (dont une édition et une traduction des derniers livres de la chronique).La première partie de la thèse fait le point sur la vie et l’œuvre de Francesco Pipino, dont la présence est particulièrement attestée à Bologne et Padoue, où il remplit notamment les fonctions d’archiviste, de vice-prieur et de prieur conventuels. L’itinérance de Francesco Pipino l’a également mené en Orient, une première fois pour un pèlerinage en Terre sainte (1320) et très probablement une seconde fois dans le cadre de la Société des frères pérégrinants.La deuxième partie de la thèse interroge les opérations intellectuelles propres à l’historien en portant le regard sur les sources utilisées et leur traitement. Francesco Pipino peut reprendre ses sources historiographiques verbatim, il peut aussi les résumer. Il recourt également à des sources diplomatiques : bulles et lettres peuvent constituer un chapitre entier ou être remployé sous forme d’extraits. D’autres types de sources sont mobilisées : sources épigraphiques, archéologiques et orales. Francesco Pipino est rarement servile face à ses sources, qu’il critique.La chronique porte également la marque de l’ordre des frères prêcheurs, dans ses choix hagiographiques, par l’exemplarité du récit ou encore par l’insertion de quelques figures dominicaines dans le temps de l’histoire.La troisième partie livre une triple lecture politique de la chronique, qui s’inscrit dans le contexte de la lutte entre le Sacerdoce et l’Empire. La structuration impériale de la chronique donne la précellence aux empereurs. En accordant la qualité d’empereur au roi des Romains, Francesco Pipino minore le rôle du couronnement impérial et, partant, des prétentions théocratiques. Ses positions politiques sont, de manière générale, pro-impériales. Au sein de chaque livre, après un premier ensemble narratif consacré à l’empereur, un deuxième ensemble traite des papes ayant officié sous l’empereur qui donne son nom au livre. Francesco Pipino reste mesuré dans son appréciation des différents pontificats, bien qu’il condamne ici encore les prétentions théocratiques de la papauté. Dans un troisième temps, chaque livre se clôt par les événements survenus dans les cités italiennes, dans les royaumes européens et en Orient. L’analyse prend ici appui sur le cas de la cité de Bologne à la fin du XIIIe siècle, dont les divisions sont dénoncées. / The focus of this doctoral dissertation is a chronicle by Dominican friar Francesco Pipino (1270 CE – after 1328 CE), which has been little studied to date and is recorded in a unique manuscript kept at the Biblioteca Estense Universitaria in Modena, Italy (ms. Lat. 465.) This long chronicle (one hundred eighty-one folios, with an added six-folio table of contents) is organized in thirty-one books, which, with three exceptions, are titled after the name of an Emperor, from Charles The Great to Albert I von Habsburg. The first volume of this dissertation offers an analysis in three parts of the last books in the chronicle (volumes XXVII to XXXI), which focus on the years around 1250-1320. The second volume gathers the sources, bibliography and appendices including an edition and translation of the last books of the chronicle. The first part of the dissertation reviews the life and work of Francesco Pipino, whose presence is most specifically attested in Bologna and Padova, where he notably performed the duties of a monastic archivist, vice-prior, and prior. The peripatetic wanderings of Francesco Pipino also led him to the Middle-East; a first time for a pilgrimage in the Holy Land (1320) and very likely a second time within the framework of the Societas Fratres Peregrinantes. The second part of the dissertation interrogates the intellectual operations specific to historians by looking at the sources used in the research and their handling. Francesco Pipino might reprise his historiographical sources verbatim, or he might sum them up. He might also use diplomatic sources: Papal bulls and letters can constitute a whole chapter or be reused as excerpts. Other types of sources are enlisted: epigraphic, archeological or rural sources. Francesco Pipino was rarely subservient to his sources, which he reviewed critically. The chronicle also bears the mark of the Order of Preaching Friars, with its hagiographical choices, with the exemplary nature of the narrative, or with the insertion of a few Dominican figures inside historical time. The third part delivers a three-pronged political reading of the chronicle, which is inscribed within the contexts of the struggle between the clergy and the Holy Roman Empire. The imperial structuring of the chronicle gives the emperors precellence. By lending the quality of Emperor on the king of Romans, Francesco Pipino downplays the role of the imperial coronation and from there, theocratic contentions as well. His political stance is generally supportive of the Empire. Within each book, after a first narrative part devoted to the emperor, a second one deals with the Popes who have officiated under the emperor whose name is given to the book. Francesco Pipino remains moderate in his appraisal of the various pontificates, even though he once again condemns the theocratic pretenses of the Papacy. In a third and final stage, each book closes with events that have happened in Italian cities, in European kingdoms, and in the Middle-East. Here, the analysis is based on a case study of the city of Bologna at the end of the 13th Century, and on the denunciation of its divisions.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019LYSE2008 |
Date | 19 January 2019 |
Creators | Bruneau-Amphoux, Stephane |
Contributors | Lyon, Gaulin, Jean-Louis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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